Le DEAMM accueille 2 nouvelles personnes à Amman et Beyrouth
Archéologue et arabisante, Julie Bonnéric a rejoint l’Ifpo-Amman en tant que chercheuse MEAE et responsable d’antenne. Ses recherches portent sur les transformations liées à l’apparition de l’Islam au Proche-Orient, dans la Péninsule arabique et en Égypte.
À l’Ifpo-Amman, elle met en place un programme sur Jérash de la fin de l’Antiquité tardive à la fin de la période mamelouke. Jérash offre un terrain diachronique exceptionnel pour comprendre, dans le contexte de l’avènement de nouveaux systèmes politiques, sociaux, culturels et religieux, les évolutions d’une cité antique et sa marginalisation progressive. Des études ponctuelles sur les occupations islamiques ont déjà été publiées, mais aucune vision globale n’a encore été mise en avant. Un programme de fouille portera sur l’évolution des modes de vie et des pratiques religieuses sur un temps long, à partir de la période byzantine, et permettra de mieux définir la culture matérielle des périodes de transition. Ce nouveau projet, qui est le fruit de ses précédents travaux sur le site de Jérash et ailleurs au Proche-Orient, renouvellera notre compréhension de l’une des plus importantes agglomérations de la région et sera l’occasion de proposer une synthèse sur les périodes islamiques, beaucoup moins bien connues en Jordanie que les périodes romaine et byzantine. Un autre axe de ses recherches est celui de l’histoire des sensibilités, en particulier le rapport aux sens dans l’espace sacré. Julie Bonnéric prépare actuellement une monographie sur le thème de la lumière dans l’espace sacré.
Enfin, elle conduit un programme de recherche au Cefas sur le christianisme au tournant de l’Islam dans le sud de l’Irak et le golfe Arabo-Persique, qui met en évidence une continuité de la présence chrétienne dans cette région après les conquêtes arabo-musulmanes, voire son développement. Elle est responsable de l’étude du monastère sassanido-islamique d’al‑Qusur au Koweït, fouillé dans le cadre de la Mission archéologique franco-koweïtienne de Faïlaka (Cefas, NCCAL, MEAE) qu’elle dirige. Elle achève l’édition de Al‑Qusur, a Christian settlement from the Early Islamic Period on Failaka, vol. 1. Excavations of the French‑Kuwaiti Archaeological Mission in Failaka (2011‑2018). Sa longue pratique du terrain koweïtien l’a conduite à écrire avec Ph. Pétriat une Histoire globale du Koweït (Cefas, NCCAL, sous presse). Avec R. Crassard, elle dirige un numéro spécial de la revue Arabian Arcaheology & Epigraphy sur l’histoire de l’île de Faïlaka au Koweït (AAE, 32/1, 2021). Il publiera en partie la 4th International Conference on the Archaeology of the Arabian Peninsula organisé par le Cefas et le National Council for Culture, Arts & Letters du Koweït organisé en novembre 2019 au Koweït et intitulé Archaeological Failaka. Recent & Ongoing Investigations.
Linguiste, Professeure des Universités, Salam Diab-Duranton est en affectation CNRS à l’Ifpo. Elle y développe des recherches en lexicologie et lexicographie arabes. Elle étudie notamment la créativité langagière des mouvements de rébellions arabes, le lexique islamiste et l’évolution des dialectes à l’ère de ces mutations sociales et des technologies de l’information et de la communication.
Salam Diab-Duranton se consacre principalement à la publication du Lexique de Makki, compilation lexicale portant sur le dialecte libanais, à partir d’une recension empirique faite par un ingénieur libanais. H. Makki a consacré plus d’une décennie à recueillir une vaste documentation lexicale issue du dialecte libanais et tirée de sources indifférenciées. S’il n’avait pas la prétention de couvrir l’ensemble des parlers libanais, l’auteur consignait par écrit chaque mot nouveau entendu ici ou là au Liban. Ce qui l’a amené à constituer un corpus d’environ mille cinq cents pages dactylographiées. L’ambition de l’auteur était de cristalliser un état de langue couvrant le parler au quotidien et de le transmettre non seulement aux Libanais de l’intérieur et à ceux de la diaspora, mais aussi aux chercheurs arabisants. D’où son souci de traduire chaque entrée lexicale en arabe standard et en français. La famille de M. Makki a confié la compilation aux Éditions Geuthner, lesquelles ont confié à leur tour à Salam Diab-Duranton le projet d’édition de cette compilation. Ce corpus sera publié sous la forme d’un lexique trilingue (arabe dialectal / arabe standard moderne / français) s’adressant à tout public, mais prioritairement aux chercheurs, enseignants et étudiants arabisants. Ce lexique de langue usuelle a des ambitions didactiques à la fois dans le domaine linguistique et socioculturel.