Journées Baybars
Dans le cadre du programme Hakaya
Le théâtre al-Balad, l’Arab Education Forum, l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) et les Instituts Français de Jordanie et l’Institut français de Jérusalem ont le plaisir de vous inviter durant le mois du Ramadan 2017 aux Journées Baybars / أيام السيرة
Retour du Roman de Baybars en Palestine et en Jordanie
Spectacles de conteurs en langue arabe et conférence
Présentation
Récit central de la littérature populaire et patrimoniale de l’Orient arabe, Sīrat al-Malik al-Ẓāhir Baybarṣ est un gigantesque roman médiéval qui a été transmis oralement durant plusieurs siècles. Traditionnellement conté dans des lieux publics, ce récit a progressivement disparu des principales villes arabophones du Levant avec la disparition du métier du hakawātī, ou conteur populaire, alors que des témoignages attestent qu’il a été conté jusqu’aux années 1960 dans les cafés de grades villes comme Damas, Alep, Tripoli, Saida, Baalbek ou Jérusalem.
Une équipe de chercheurs lyonnaise avait entrepris en 2000 des travaux d’édition critique visant à conserver ce texte dans sa version originale telle que nous la connaissons dans les cahiers de trois conteurs damascènes. En effet, la dernière version vivante de la Sīra, consignée par écrit dans les années 1940, était encore contée au café Nawfara à Damas, au pied de la mosquée des Omeyyade, jusqu’en 2011.
Strictement scientifique et fidèle à l’expression dialectale du texte ainsi qu’à sa structure, cette édition publiée aux Presses de l’Ifpo arrive à son 15e tome. Elle constitue un témoignage unique et inédit à la fois du parler de la ville de Damas vers la fin du 19e siècle, et de ce roman dont les versions autrefois pratiquées au Liban, en Jordanie et de Palestine semblent aujourd’hui définitivement perdues.
La rencontre en 2016 entre ces chercheurs français et de jeunes conteuses et conteurs jordaniens et palestiniens, dans le cadre du festival Hakāyā en Jordanie, a donné lieu au projet Les journées Baybars (en arabe : Ayyām al-Sīra) qui vise à réintroduire ce récit dans les villes qui l’avaient perdu mais qui en gardent encore une mémoire lointaine et nostalgique.
A partir du 30 mai 2017 et jusqu’à la fin du mois de Ramadan, 9 spectacles de conteurs sont programmés à Amman (30 mai, 6, 13 et 14 juin) et Jedita (15 juin) en Jordanie, ainsi qu’à Naplouse (10 juin) et Ramallah (11, 14 et 26 juin) en Palestine (voir programme détaillé). Durant cet événement organisé par le Théâtre al-Balad (Jordanie), l’Arab Education Forum (Palestine), l’Institut Français d’Amman et de Jérusalem ainsi que l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo), ces conteuses et conteurs d’Amman, de Naplouse, de Ramallah et d’Hébron se réapproprient cette partie de leur patrimoine. Ils l’adaptent aux parlers de leurs villes respectives et à leur vision contemporaine du métier de conteur en donnant une série de spectacles dans des cafés et lieux publics, à partir d’extraits représentatifs du roman. Une conférence en arabe traduite en français sera également donnée par le Professeur George Bohas, directeur du projet Baybars, à l’Institut Français de Jordanie le 14 juin 2017 à 11h.
Programme
30 mai 2017, 20h30
Le rêve du sultan par Shalabieh al-Hakawatieh, 40 minutes.
Jadal for Knowledge and Culture, Amman, Jordanie.
Histoire du rêve égaré du Sultan Ayyoub et de son interprétation. C’est un récit clé situé au début de la Sira où, suite à cet étrange rêve prémonitoire, le voyage du marchant d’esclaves damascène Ali al-Warraq donnera lieu à une infinité de récits que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Roman de Baybars… Une première féminine dans un café pour ce récit traditionnel !
6 juin 2017, 20h30
Les noces d’Ahmad Chalamich par Shalabieh al-Hakawatieh, 40 minutes.
Jadal for Knowledge and Culture, Amman, Jordanie.
Ahmad Chalamich, fils du roi Baybars, voit dans un rêve des gens tout de blanc vêtus, dans une ville aux demeures blanches. Emerveillé, il part à la quête de cette ville immaculée, traversant dans son périple les terres des Arabes et des Perses avant d’atteindre sa destination rêvée.
10 juin 2017, 22h00
L’esclave Mahmoud raconte son histoire par Taher Bakeer, 40 minutes.
Café Cheikh Qasim, Vieux-Naplouse, Palestine.
C’est le récit du jeune esclave Mahoumd qui raconte à Fatima Bint al-Aqwasi, alias Dame-de-Damas, comment est-il arrivé dans cette ville, quelles sont ses origines et qui est sa famille. Au cœur de la vieille ville de Naplouse, surnommée par ses habitants « Petite Damas », Taher Bakeer révélera les secrets de ce jeune personnage malade, mais aussi de celle qui deviendra sa mère adoptive…
11 juin 2017, 21h30
Le rêve du sultan par Hamza Aqrabawi, 45 minutes.
Café Beit Ardi, Ramallah, Palestine.
Histoire du rêve égaré du Sultan Ayyoub, et de son interprétation. C’est un récit clé à partir duquel sont générés tous les événements de cette épopée. Tout en respectant la trame et l’esprit de la Sira, Hamza Aqrabawi adapte ce récit dans un style qui le rapproche des histoires populaires satiriques en Palestine.
13 juin 2017, 20h30
Le rêve du sultan par Shalabieh al-Hakawatieh, 40 minutes.
Jadal for Knowledge and Culture, Amman, Jordanie.
Spectacle traduit en langage des signes
Histoire du rêve égaré du Sultan Ayyoub et de son interprétation. C’est un récit clé situé au début de la Sira où, suite à cet étrange rêve prémonitoire, le voyage du marchant d’esclaves damascène Ali al-Warraq donnera lieu à une infinité de récits que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Roman de Baybars… Une première féminine dans un café pour ce récit traditionnel !
14 juin 2017, 11h-13h
Conférence
« Vivre dans un roman populaire de 28000 feuilles : témoignage sur la traduction et l’édition de Sīrat al-Malik al-Ẓāhir Baybarṣ » par Georges Bohas
Récit central de la littérature populaire de l’Orient arabe, Sīrat al-Malik al-Ẓāhir Baybarṣ est un gigantesque roman médiéval qui a été transmis oralement durant plusieurs siècles. Il s’agit d’un patrimoine inestimable que des chercheurs français reconstituent par écrit depuis 17 ans, dans une édition critique créée à partir des cahiers de trois conteurs de la ville de Damas.
Dans le cadre des journées dédiées à cette épopée populaire, George Bohas, Professeur émérite à l’École Normale Supérieure de Lyon et directeur du projet Baybars, reviendra sur les principales étapes de son travail sur les littératures populaires arabes qui ont occupé une grande partie de sa carrière de chercheur. Son aventure dans ce champ avait commencé au milieu des années 1980 lorsqu’il a découvert, conservé au musée des arts traditionnels et populaires à Damas (palais Azem), le manuscrit de la recension de la ville d’Alep du Roman de Baybars dont il a co-traduit ensuite une partie (10 tomes). Le voici, plus trente ans après, en train de diriger l’équipe qui édite la recension damascène de cette épopée dont le 15e tome paraîtra prochainement.
14 juin 2017, 21h30
La Sira de la Sira ! par Hamza Aqrabawi et Abed Tarayrah, 45 minutes.
Place du Tamer Institute, Vieux-Ramallah, Palestine.
Un échange entre deux conteurs, l’un originaire de la région de Naplouse, l’autre d’Hébron, à partir d’extraits tirés du récit Le duc Qabtawil-le-Sorcier, contés dans les différents parlers de Palestine.
14 juin 2017, 21h30
L’esclave Mahmoud raconte son histoire par Taher Bakeer, 40 minutes.
Café Central, Amman, Jordanie.
C’est le récit du jeune esclave Mahoumd qui raconte à Fatima Bint al-Aqwasi, alias Dame-de-Damas, comment est-il arrivé dans cette ville, quelles sont ses origines et qui est sa famille. Au cœur de la vieille ville de Naplouse, surnommée par ses habitants « Petite Damas », Taher Bakeer révélera les secrets de ce jeune personnage malade, mais aussi de celle qui deviendra sa mère adoptive…
15 juin 2017, 21h
Les rêves de la Sîra par Shalabieh al-Hakawatieh, 55 minutes.
Diwan al-Kasasbeh, Jedita, Jordanie.
Le rêve est thème central du Roman de Baybars. Shalabieh contera deux extraits tirés du Rêve du sultan, récit clé à partir duquel sont générés tous les événements de cette épopée, et des Noces d’Ahmad Chalamich. Dans ce dernier, le fils du roi Baybars erre dans les terres des Arabes et des Perse, à la recherche d’une ville toute blanche, où, dans un rêve, il s’était vu heureux.
18 juin 2017, 21h30
Courts extraits de Sîra par Hamza Aqrabawi, 45 minutes.
Khalil Sakakini Cultural Center, Ramallah, Palestine.
Situé dans le contexte des Croisades, la Sira est un récit de guerre. La violence est toutefois loin d’être sont thème central. Parmi d’autres thèmes tout aussi importants, le comique y occupe une place de choix. Hamza Aqrabawi mettra en avant l’aspect drôle de l’épopée à travers des extraits tirés de plusieurs récits.
19 juin 2017, 21h30
Le rêve du sultan par Hamza Aqrabawi, 45 minutes.
Café Rummana, Ramallah, Palestine.
Histoire du rêve égaré du Sultan Ayyoub, et de son interprétation. C’est un récit clé à partir duquel sont générés tous les événements de cette épopée. Tout en respectant la trame et l’esprit de la Sira, Hamza Aqrabawi adapte ce récit dans un style qui le rapproche des histoires populaires satiriques en Palestine.
21 juin 2017, 21h30
La Sîra de la Sîra ! par Hamza Aqrabawi et Abed Tarayrah, 45 minutes.
Café Beit Ardi, Ramallah, Palestine.
Un échange entre deux conteurs, l’un originaire de la région de Naplouse, l’autre d’Hébron, à partir d’extraits tirés du récit Le duc Qabtawil-le-Sorcier, contés dans les différents parlers de Palestine.
Les conteurs
Taher Bakeer. Né à Naplouse en 1959, ses études d’agronomie n’ont pas réussi à le détourner de sa passion, les arts de la scène. Il a écrit pour le théâtre, pratiqué la mise en scène et participé à des festivals en Palestine, en Jordanie, en Suisse et en France. Membre du Conseil consultatif du ministère palestinien de la culture à Naplouse.
Shalabieh al-Hakawatieh. Pour elle, collecter les histoires pour les raconter est un jeu. Son enjeu est de les sortir ensuite de sa cuisine avec une saveur unique qui est la sienne. Les histoires de Shalabieh (Sally Shalabi de son vrai nom) viennent de partout. Tout en ayant une tendresse particulière pour le patrimoine traditionnel, elle conte du vieux et du moins vieux, pour les jeunes et pour les moins jeunes. Conteuse professionnelle depuis 12 ans, elle a participé à beaucoup d’événements en Jordanie, en Egypte, en Palestine, en Tunisie et en Suède.
Hamza Aqrabawi. Les contes à caractère patrimonial sont son domaine de prédilection car il y voit un moyen de préserver l’identité palestinienne. Il a animé de nombreux spectacles notamment dans le cadre du programme Hakaya en coordination avec l’Arab Education Forum et Tamer Institute.
Abed Tarayrah. Comédien et marionnettiste de formation, ce jeune hébronais converti au métier de conteur pratique les récits contemporains et traditionnels. Il donne régulièrement des spectacles dans les bibliothèques publiques, les établissements scolaires et les centres culturels et sociaux. Membre du programme Hakaya et collaborateur du Tamer Institute.
Hakaya est un programme panarabe qui lie des institutions, des groupes et des individus partageant une même idée du conte, qui voient ce dernier comme un élément central dans l’art, dans l’apprentissage et dans la vie, et qui l’envisagent comme un moyen permettant le développement des personnes et des sociétés.