L’Atelier du Vieux-Damas : de la documentation à l’action, par Roula Aboukhater | mardi 14 mai 2024
L’architecture en sciences humaines et sociales
Le pôle architecture de l’Ifpo (E. Coppé, E. Devaux, M. Kurdy) vous invite à une série de webinaires sur le rôle et les apports du travail des architectes et leurs interactions avec les Sciences Humaines et Sociales. Cette série de webinaire sera clôturé par une table ronde qui se déroulera à Beyrouth.
Les objectifs sont, d’une part, de mettre en lumière comment les architectes, par leur savoir-faire spécifique et leur travail, participent à la mise en valeur et la préservation du patrimoine, notamment au Proche-Orient. D’autre part d’échanger sur cette branche du métier d’architecte, en perpétuelle évolution, qui doit sans cesse redéfinir, réinventer et moderniser son métier et ses outils pour répondre aux nouveaux besoins de ses champs et territoires d’action. Enfin, le webinaire aura un caractère exploratoire sur les interactions et apports réciproques des SHS avec l’architecture.
Calendrier des séances :
mardi 16 janvier
mercredi 14 février
mardi 26 mars
mardi 16 avril
mardi 14 mai
Table ronde du 11 au14 juin
Prochaine séance :
mardi 14 mai 2024 |14h de Paris
en ligne
L’Atelier du Vieux-Damas : de la documentation à l’action, par Roula Aboukhater
Modératrice : Emmanuelle Devaux
L’Atelier du Vieux Damas, une cellule de recherche au sein de l’Ifpo, a été fondé en 1979 au moment où la ville intra-muros venait d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pendant des années, une attention particulière a été consacrée à l’étude et à la prospection des faubourgs historiques localisés hors les murs, en raison de la situation de préservation précaire que connaissaient ces secteurs. Une importante opération de documentation iconographique, graphique et textuelle fut alors réalisée. Plusieurs publications sur les quartiers de Damas ont résulté de la coopération de l’Atelier du Vieux-Damas avec différentes institutions.
De 2005 à 2011, L’Atelier du Vieux Damas a participé à deux importants projets de recherches multidisciplinaires sur les bains publiques (hammam), comportant des actions participatives avec les citoyens de quartier al-Uqayba, l’un des quartiers historiques extra-muros. Ces projets ont été financés par l’Union Européenne et coordonnés par OIKODROM (the Vienna Institute for Urban Sustainability).
En mai 2009, suite à l’appel de projets culturels lancé par la Délégation de l’Union Européenne en Syrie, le projet « Cultural Participation for Heritage Regeneration », présenté et coordonné par l’Ifpo (Atelier du Vieux Damas), a été sélectionné. L’objectif de ce projet, réalisé de janvier 2010 à mars 2011, consistait à encourager les habitants de quartiers extra-muros à prendre part à des activités culturelles orientées vers une meilleure connaissance de leur patrimoine.
Grâce à la présentation de projets phares, cette lecture permettra de mesurer l’ampleur, l’importance et les apports des recherches réalisées dans le cadre de l’Atelier du Vieux Damas.
Roula ABOUKHATER est architecte diplômée de la Faculté d’Architecture de l’Université de Damas en 1984, elle a suivi des études supérieures approfondies en architecture et en urbanisme en France de 1990 à 1995 et enseigné à la Faculté d’Architecture de l’Université de Damas pendant 38 ans, jusqu’en 2022. Architecte et chercheuse à l’Ifpo de 2005 à 2017, elle a participé à plusieurs projets de recherche financés par l’Union Européenne, y compris un projet dans le cadre du programme Euromed Heritage IV. Elle a reçu un financement de l’Union Européenne pour le projet « Cultural Participation for Heritage Regeneration » (2010-2011). Elle est également membre du Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) depuis 2019. Roula Aboukhater a participé à plusieurs conférences, dont : WOCMES 2010 à Barcelone, World Sustainable Buildings 2014 à Barcelone, Terra 2016 à Lyon. Elle est actuellement, Professeur à la Faculté d’Architecture de l’université privé (Arabe Internationale University) en Syrie.
Aboukhater, Roula ; Mouhanna, Ziad ; et Atfeh, Natalia, 2023 “Urban cultural heritage vulnerability as a risk driver for sustainability and resilience, Case study of the city centre of Damascus, Syria”. AIP Conference Proceedings, Vol. 2793, No. 1. Ainsi que Aboukhater, Roula, 2020, “Culture-Led Urban Development Initiative in a World Heritage City: The Case Study of the Old City of Damascus in Syria”. International Archives of the Photogrammetry, Remote Sensing & Spatial Information Sciences. Vol. XLIV-M-1, p573-580.
Séances passées
Mardi 16 Janvier | 14h de Paris
en ligne
Beyrouth après le 4 Août : Restauration post-destruction et interventionnisme international. Regard croisé sur les interventions architecturales des acteurs privés et publics et les politiques d’aides mises en oeuvre au Liban par les acteurs internationaux, par Etienne Coppé et Clothilde Facon
Modération : Micheline Kurdy
Le 4 août 2020, suite à l’explosion du port de Beyrouth des milliers de bâtiments furent détruits ou fortement endommagés, parmi lesquels de très nombreux bâtiments patrimoniaux. Début 2022, l’Ifpo a entrepris de réaliser un état des lieux de la restauration patrimoniale et de ses différents acteurs, éclairant l’engagement de la société civile, des divers organismes internationaux et les liens les unissant.
Regard croisé avec Clothilde Facon, chercheuse en science politique à l’Université d’Anvers. Sa thèse portait sur les politiques d’aide mises en œuvre par les acteurs internationaux au Liban, en étant affiliée à l’Ifpo.
Mercredi 14 février 2024 à 14h (heure de Paris)
Documenter l’impact transformateur du déplacement sur l’architecture et l’espace urbain : Exemples de Jordanie
par Ayham Dalal, architecte et urbaniste, maître de conférences (prof. adjoint) à l’université allemande du Caire.
Modératrice : Emmanuelle Devaux
Inscription via ce lien
Les villes contemporaines ont la capacité d’absorber et de produire des déplacements. Dans ce sens, les villes et les espaces urbains sont constamment façonnés par les mouvements, où de nouveaux espaces sont créés, des infrastructures sont (re)produites et des réseaux sociaux sont utilisés. Dans cet exposé, Ayham Dalal met en lumière le rôle de l’architecte dans le domaine des migrations forcées en particulier, et des sciences sociales en général. En retraçant les transformations spatiales et les dynamiques urbaines qui se produisent dans différents camps de réfugiés en Jordanie, et la façon dont les abris sont appropriés, et les systèmes alimentaires informels établissent des liens entre les différents territoires en Jordanie, il plaide pour la nécessité d’établir de nouveaux environnements de collaboration qui encouragent la recherche interdisciplinaire. Cela permettrait non seulement d’amplifier la voix des réfugiés et des migrants dans les villes, mais aussi de comprendre comment leur expérience produit de nouveaux espaces et de nouvelles architectures. Certaines parties de cette présentation sont liées à l’engagement d’Ayham dans deux projets de recherche menés à l’Ifpo – Jordanie, à savoir ITHACA et LAJEH.
Ayham Dalal est architecte et urbaniste. Son travail vise à amplifier les voix des communautés marginalisées en développant de nouveaux outils qui combinent des entretiens de sciences sociales et d’ethnographie avec des illustrations et une cartographie expérimentale. Il a coréalisé un film primé sur l’architecture et les camps et a coorganisé plusieurs expositions sur ce thème. Il est l’auteur du livre « From Shelters to Dwellings : The Zaatari Refugee Camp » (Trasncript Verlag 2022), et co-éditeur de « Tempohomes » (TU Berlin University Press, 2022). Il est actuellement maître de conférences (prof. adjoint) à l’université allemande du Caire.
Mardi 26 mars | 14-16h de Paris | 15-17h de Beyrouth) | 16-18h d’Amman
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Bagdad, analyse de l’espace bâti au XXe siècle : une mise en perspective régionale | Beyrouth, étapes fondatrices de l’espace bâti : ruptures ou continuités ?
Bagdad, analyse de l’espace bâti au XXè siècle : une mise en perspective régionale, par Cécilia PIERI
Bien qu’apparemment opposées par leur topographie, leurs styles, leurs traditions socio-culturelles, Beyrouth et Bagdad présentent des points communs à l’analyse des espaces bâtis durant le XXè siècle, notamment aux périodes coloniales et post-coloniales. L’exposé montrera quelques exemples de la manière dont, selon les points de vue des sciences humaines et sociales, les espaces bâtis y sont lisibles à la fois comme outils de pouvoir ou de manipulation politique et symbolique, mais aussi vecteur d’appropriation, lieux de métissage des savoir-faire, support de la fabrique ou de l’atomisation de la ville.
Caecilia Pieri, historienne de la ville, a dirigé l’Observatoire urbain du Proche-Orient à l’Ifpo- Beyrouth de 2011 à 2015 et enseigné l’histoire de l’architecture à l’ALBA-Beyrouth de 2016 à 2022. Elle a soutenu son doctorat à l’EHESS sur la transformation urbaine de Bagdad (1914-1960), où elle a effectué plus d’une vingtaine de séjours de terrain. Travaillant sur la formation de l’urbain moderne en Irak et au Proche-Orient à travers les processus culturels et artistiques mais aussi les enjeux politiques et identitaires, elle a notamment dirigé le programme de recherches « Patrimoines en guerre autour de la Méditerranée » (2015-2017).
Beyrouth, étapes fondatrices de l’espace bâti : ruptures ou continuités ? par Serge YAZIGI
La capitale libanaise a connu, dès le tournant du XIXème siècle et jusqu’à la moitié du XXème, des transformations majeures qui ont durablement et radicalement transformé son paysage urbain et architectural. Cette période charnière et relativement courte – au regard de l’Histoire – correspond à celle de la fin de l’occupation Ottomane, le Mandat français et les premières années qui ont suivi la création de l’Etat libanais.
Les mécanismes qui ont conduit à ces transformations sont-ils uniquement liés à des volontés politiques, même symboliques, correspondant aux visions des autorités en place ? ou le résultat de facteurs plus complexes, souvent dans la continuité les uns des autres ?
A travers une lecture de l’histoire contemporaine de la ville et de ses transformations les plus emblématiques, nous allons tenter de saisir les divers enjeux, qui durant près de 70 ans, ont métamorphosé le tissu urbain de la ville et ses architectures, et continuent de tracer la voie de son développement futur.
Serge Yazigi, consultant régional en aménagement et chercheur, a fondé et dirigé l’Observatoire Académique Urbain (MAJAL) de l’ALBA, Université du Balamand de 2007 à 2016, et a de même enseigné et dirigé divers ateliers d’urbanisme et d’architecture dans plusieurs universités au Liban. A l’AUB (American University of Beirut) de 2016 à 2022, il a contribué à divers enseignements et ateliers ainsi qu’à des projets de recherche au sein du Urban Lab. Il a soutenu son doctorat au sein du CEMMC- Bordeaux Montaigne, sur la régénération urbaine des quartiers péri-centraux à Beyrouth, notamment celui de Zokak el Blat. Serge dirige actuellement de nombreuses études au Liban, Arabie Saoudite et Abu Dhabi, portant sur des thématiques de développement à différentes échelles, ainsi que de valorisation du patrimoine.
Tuesday, April 16, 2024 at 2 p.m. (Paris time)
Online : Registration Link
What crises do to the professional practices of architects and urban planners in Lebanon
Éric Verdeil has documented the professional practices of urban planners during the successive reconstructions of Beirut, combining an approach based on professional cultures, linked to training and ethos, and the institutional and political contexts in which they operate. He has extended this type of analysis to the first phase of reconstruction following the August 4th explosion. His presentation will present the typology he has identified, based on interviews and the analysis of a few flagship actions.
Éric Verdeil, Professor of Geography and Urban Studies, Sciences Po, Ecole urbaine and researcher at the Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI-Sciences Po). He was a researcher at IFPO, then at CNRS in Lyon (Laboratoire Environnement Ville Société-EVS) and Marne La Vallée (Laboratoire Techniques Territoires Sociétés – LATTS). His work has focused on the social history of urban planners in Lebanon and the Mediterranean, notably in the books “Beyrouth et ses urbanistes: une ville en plans” (Presses de l’IFPO, 2010) and “Concevoir et gérer les villes. Milieux d’urbanistes du sud de la Méditerranée” (Economico, 2006). His most recent work focuses on the political ecology of urban infrastructures, from Lebanon to Paris, via Tunisia and Jordan. He has continued to study the transformations of the Lebanese urban field and recently published : Éric Verdeil, 2022 (published in 2023), « Après l’explosion de Beyrouth, réinventer l’urbanisme? », Revue internationale d’urbanisme, n° 13. Online: http://www.riurba.review/article/13-crise/beyrouth/
Urban and professional resilience
This talk looks at the impact of crises on the professional practices of urban planners and architects in Lebanon. It draws on Jihad Farah’s observations as a professional and university lecturer concerning the extension of the field of urban planning practice in Lebanon as a result of the crises the country has experienced, to include ways of doing and thinking specific to the fields of local development and humanitarian action. It also draws on his recent research on the socio-technical and spatial arrangements of buildings in Beirut to introduce micro-housing or install photovoltaic systems. It argues that urban planning and architecture courses need to open up to pragmatic ways of thinking and doing.
Jihad Farah is Professor of Architecture and Urban Planning at the Lebanese University (Beirut). He headed the CERDA research unit in the Department of Urban Planning at the Lebanese University. His research focuses on institutional and informal socio-technical arrangements in the production of urban space and infrastructure in contexts under stress. He has also worked as a consultant in local and institutional development for local authorities and international organizations. Since 2023, he has headed the urban policy research program at the Arab Institute for Urban Development (Riyadh), where he conducts comparative research on urban development practices in cities across the Arab world.