WADI – Webinaires Académiques des Doctorantes de l’Ifpo
Le wadi est une vallée dans une région semi-désertique, mais c’est aussi les rendez-vous bimensuels des doctorantes du Département des Études Contemporaines de l’Institut français du Proche-Orient. Deux jeudis par mois, un·e intervenant·e est invité·e à présenter ses travaux lors d’une séance de webinaire problématisée autour d’un questionnement méthodologique ou d’une thématique scientifique.
Ces rencontres doctorales ont pour objectif d’accompagner les recherches de thèse, tout en observant une approche pluridisciplinaire qui ouvre sur le paysage élargi des sciences humaines et sociales. Les WADI sont aussi l’occasion d’échanger entre les différentes antennes de l’Ifpo et de faire dialoguer leurs contextes politiques et géographiques.
Certaines séances sont consacrées à la présentation de l’avancée des recherches des doctorantes, en invitant un·e chercheur·euse spécialisé·e sur leurs thématiques d’étude.
Les WADI sont ouverts aux doctorant·es associé·es et aux chercheur·euses de l’Ifpo.
Pour plus d’informations sur les séances à venir, assister à ces rencontres et suivre le lit de la rivière, merci de nous écrire à l’adresse suivante : wadi.dec@yahoo.com
Séance 4 – le 17 décembre 2020
Une séance organisée par Héloïse Peaucelle (Université de Tours/Ifpo), avec William Berthomière (CNRS/PASSAGES)
Les formes d’écritures alternatives en sciences sociales (2) : Enquêter par l’image : positionnements de recherche et méthodologies de terrain
A travers l’expérience de différents projets de recherche sur les mobilités dans des contextes géographiques distincts (métropolitains et ruraux), cette présentation se donne pour objet de présenter divers aspects de la plus-value que compose l’intégration de l’image dans une démarche de recherche. Une attention particulière sera également portée aux modes de restitution des travaux et à leurs incidences sur la nature des produits de la recherche. Sur un plan théorique, l’ensemble de l’intervention mettra en lumière des contributions possibles à la notion de présence.
Séance 3 – le 3 décembre 2020
Une séance organisée par Emmanuelle Durand (EHESS/Ifpo), avec Nicolas Puig (anthropologue, IRD)
Les formes d’écritures alternatives en sciences sociales (1) : le film ethnographique
Parmi les formes d’écritures alternatives, les chercheurs en sciences sociales sont de plus en plus nombreux à se saisir de l’outil du film ethnographique. Souvent réalisé à quatre mains en étroite collaboration avec un artisan de l’économie culturelle du cinéma, le film ethnographique donne à voir et à attendre des récits tirés d’enquêtes de terrain au long cours. Par le potentiel sensible de l’image alliée au son, il permet une observation, une analyse et un questionnement de la vie sociale. Il est outil aussi un outil précieux au service de la diffusion auprès d’un public varié.
D’un point de vue méthodologique, plusieurs questions se posent. Pourquoi et comment fabrique-t-on un film documentaire ? En quoi l’écriture filmique est-elle complémentaire de l’écriture académique ? Avec cette double casquette, comment se positionne-t-on vis-à-vis des personnes filmées /enquêtées dans des contextes moyen-orientaux où le recours à l’image est souvent sensible, objet de méfiance ?
« La cause du rap », un film réalisé par Nicolas Puig (anthropologue) et Justin de Gonzague (auteur et réalisateur), illustre parfaitement ces enjeux. À partir de son expérience de la fabrique d’un film, Nicolas Puig reviendra sur la genèse du projet, ses modalités de réalisation, son écriture et sa diffusion.
Séance 2 – Le 17 novembre 2020
Présentation du sujet de thèse de Rouba Wehbe, doctorante AMI à Beyrouth, discutée par Valérie Clerc (CESSMA/ IRD).
Les sous-marchés du logement à Beyrouth. L’informalisation segmentée du marché formel dans un contexte d’inertie et d’insécurité de la tenure foncière.
Cette recherche examine les sous-marchés du logement opératifs dans les quartiers formels et centraux de Beyrouth et dont la tenure évolue en insécurité et/ou en inertie. Elle emploie, comme cadre d’analyse, la théorie de différentiel de rente foncière (TDRF) visant, dans un premier temps, à comprendre les formes de mutations engendrées par ces sous-marchés. Dans un second temps, elle explore les dynamiques qui existent entre ces sous-marchés et le marché formel à l’échelle de la ville. En s’appuyant sur des entretiens et une consultation d’archives (publiques et privées), deux cas d’études sont examinés : le parc immobilier des réfugiés palestiniens et celui à location précaire dans les quartiers centraux. Les résultats montrent que ces sous-marchés aboutissent à une informalisation par segment du marché formel. Ainsi, lorsque dans ce dernier le différentiel de rente (DR) observé génère de la gentrification, celui observé dans ces sous-marchés crée de l’informalisation. Une nouvelle forme de mutation est alors examinée par la TDRF, dissociant cette dernière de la gentrification et l’affirmant plutôt comme une théorie de rente. Alors que dans le cas de l’insécurité foncière, l’informalisation accélère le processus de gentrification, dans le cas d’une tenure en inertie, l’informalisation a ici sa propre logique d’expansion s’opposant à celle de la gentrification. Finalement, appréhender l’économie politique urbaine des sous-marchés à Beyrouth permet d’alimenter la réflexion sur les politiques publiques du logement, jusqu’à présent, quasi inexistantes dans l’action politique dans le pays.
Intervenante : Rouba Wehbe est architecte et urbaniste de formation, actuellement doctorante à l’école de sociologie à Sciences PO, Paris. Sous la direction d’Éric Verdeil, elle travaille sur la théorie de différentiel de rente foncière dans un continuum formel-informel de la tenure. Son expérience de recherche, sur le cas de Beyrouth notamment, comprend les thématiques suivantes : la stigmatisation urbaine et sa corrélation avec la production du logement abordable ; la stigmatisation urbaine et les mouvements politiques de contestation ; la violence urbaine ; la construction sociale de l’espace public.
Séance 1 – Le 5 novembre 2020
Présentation du sujet de thèse de Livia Perosino, doctorante AMI à Amman.
L’agriculture en Jordanie : entre intégration dans les dynamiques globales et production locale
Suite à un mémoire de master qui m’a permis de me familiariser avec le secteur agricole jordanien, je compte approfondir l’étude des orientations des politiques agricoles dans le contexte jordanien. Les crises alimentaires récurrentes ayant montré les limites d’un modèle alimentaire global très dépendant des échanges internationaux, nombreux sont les pays qui ont affiché des velléités de réduire leur dépendance aux importations alimentaires. Dans ce contexte, la Jordanie représente un cas particulièrement problématique : le pays dépend des importations pour satisfaire entre 80 et 90% de sa demande interne en biens alimentaires, est caractérisé par un stress hydrique élevé et par un territoire en grande partie désertique. Si l’agriculture a longtemps été considérée comme une question stratégique, à partir de 1989, suite à l’application des Plans d’ajustement structurels (PAS), le secteur a subi une dégradation importante. Je compte m’intéresser aux objectifs actuels de la politique agricole jordanienne, à ses modalités concrètes ainsi qu’aux visions du développement économique et agricole. J’analyserai les rapports de pouvoir sous-jacents, ainsi que les conséquences effectives sur les modes de production agricole jordaniens.
Intervenante : Livia Perosino est doctorante en première année au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM) de Sciences Po Bordeaux. Diplômée d’un master en Sciences politiques sur la région Méditerranée et Moyen-Orient à Sciences Po Grenoble, elle s’est intéressée à la politique agricole jordanienne au cours de la rédaction de son mémoire de master. Elle continue ses recherches grâce à l’obtention d’une Aide à la mobilité (AMI) de l’Ifpo en 2020. Sa thèse porte sur les grandes orientations de la politique agricole en Jordanie, à ses modalités concrètes ainsi qu’aux visions du développement économique et agricole. Les rapports de pouvoir et les conséquences effectives sur les modes de production agricole jordaniens et sur les différents acteurs du secteur sont également des questions centrales dans ses recherches.