Une « possibilité de Beyrouth » Projections utopiques et initiatives citoyennes
Ce séminaire a pour objectif de rendre compte d’un certain nombre d’initiatives et d’expériences individuelles et collectives qui participent, à Beyrouth et dans d’autres villes libanaises et selon des modalités d’action très différentes, de ce que l’on peut considérer comme autant de projets alternatifs à la ville néo-libérale, tant dans le cadre des espaces publics urbains que dans celui, plus général, des espaces du politique et de l’économique.
Nous faisons l’hypothèse que ces initiatives, très diverses dans leurs ambitions, leurs formes et leurs finalités, constituent autant d’« utopies en acte » ou de « possibilités de ville » qu’il convient de prendre en compte afin de nourrir une réflexion sur les modèles de ville et de sociétés dans le cadre libanais.
Très variées quant à leurs formes, ces actions semblent cependant avoir en commun de résister ou à tout le moins de proposer des alternatives au modèle urbain néo-libérale qui domine à Beyrouth depuis au moins la fin de la guerre civile. Leur seule existence, même de courte durée, constitue finalement une démonstration que d’autres modèles sont possibles et applicables. Si certaines actions semblent être davantage des « aménagements » du modèle de la ville néo-libérale, s’inscrivant finalement dans ce modèle urbain en le rendant plus acceptable et plus conforme à l’air du temps, d’autres le contestent fortement et lui résistent.
Minoritaires, marginales et parfois invisibles, ou bénéficiant au contraire d’une certaine médiatisation, ces actions et expériences veulent en tous les cas rompre avec une vision à la fois individualiste, segmentée ou communautaire des espaces urbains libanais en proposant de répondre aux intérêts et aux besoins du plus grand nombre des usagers de la ville. Elles se retrouvent dans plusieurs grands domaines, qui se recoupent souvent, et que nous tacherons d’explorer : urbanisme et architecture (architecture moderniste des années 1950-60), sportif, économique (marchés bio et alternatifs, cafés associatifs), politique (squats, occupations temporaires ou permanentes, cercles de discussions, groupes contestataires, programmes politiques), écologique (expériences de ramassage et de recyclage des déchets, associations de sauvegarde du littoral et des espaces publics), art et expressions artistiques (performances, marquages, graphs, expositions, communautés artistiques), grands projets publics inaboutis (métro de Beyrouth), transports et déplacements, etc.
Le séminaire tel qu’il se déroulera en 2016 permettra de faire intervenir, aux côtés de chercheurs et d’universitaires, des initiateurs et des entrepreneurs de projets, des militants et des activistes, des associatifs et des artistes actuellement impliqués dans des actions publiques et des expériences politiques, artistiques, culturelles, sociales d’importance et de durées variables.
Thierry Boissière
Jamil Mouawad
Séances
- « ‘A as-sikîn ya batikh… Des espaces alternatifs de consommation à Beyrouth », Hussein al-Miski, Jad Daniel, Kamal Mouzawak. Discutante : Liliane Barakat (Beyrouth, 31 janvier 2017).
- «Mille et une Dalieh, Beyrouth comme on l’imagine : Récits d’une résistance citoyenne», Ghassan Halwani, Hayat Gebara, Fadi Mansour, Adib Dada (Beyrouth, Jeudi 24 mars 2016)
Compte-rendu (en anglais) - «Des « maisons collectives » dans la ville : Espaces alternatifs ou de résistance ?», Ghassan Maasri, Moustafa Yamouth, Nadine Mouawad, Discutante : Ghalya Saadawi (Beyrouth, le 25 avril 2016)
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«Des rêves de ville, utopies et architecture à Beyrouth», Mazen Haidar, Rania Sassine, Serge Yazigi, Discutante : Caecilia Pieri (Beyrouth, le 24 mai 2016)
- «Kelloun ‘endoun sayyarat… Mobilités et transports alternatifs à Beyrouth», Petra Samaha, Rami Semaan, Karim Sokhn et Zeina Zamzam. Discutant : Stéphane Cartier (Beyrouth, le 8 novembre 2016)