Restauration et valorisation du patrimoine monumental jordanien (Jérash)
Restauration et valorisation du patrimoine monumental jordanien (Jérash)
Responsable : J. Seigne
- Participants Ifpo : L. Abu Azizeh et E. Devaux (architectes), F. Bernel (restaurateur), Ch. Augé(numismate), P. Piraud-Fournet (chercheur associée)
- Autres participants : P.‑L. Gatier (épigraphiste), S. Agusta-Boularot (épigraphiste), A.‑M. Rason-Seigne (céramologue), G. Filantropi (dessinateur), C. Kolmayer-Ali (dessinateur), K. Lagorce et A.‑M. Jouquand (archéologues, INRAP), T. Lepaon (doctorant, Univ. de Tours), M. Ychard, M. Reix, A. Thomas, S. Duplessis.
- Partenaires institutionnels : Department of Antiquities of Jordan, ministère du Tourisme
- Financements et subventions (hors Ifpo) : SCAC d’Amman, Commission des fouilles du ministère des Affaires étrangères et européennes, Department of Antiquities of Jordan.
Commencée en 1982, la fouille du sanctuaire de Zeus est pratiquement achevée, comme l’a mentionné le 27 février 2012 l’ambassadeur de France en Jordanie, Madame Corinne Breuzé, lors de la signature du Memorandum of Understanding régissant nos travaux pour les deux ans à venir (2012/2014). Notre engagement portera donc principalement sur les restaurations, la mise en valeur, les publications et les inventaires. Les seules « grosses inconnues » qui persistent et qui mériteraient d’être explorées avant la fermeture définitive du dossier sont :
- La fouille du couloir voûté nord de la Terrasse inférieure et surtout l’entrée nord du sanctuaire qui ouvre sur l’accès au Théâtre Sud. Rappelons que la clef de voûte portant l’inscription de dédicace des travaux par « Diodoros, architecte, de Gerasa » a été découverte au niveau de l’entrée symétrique, ménagée au milieu de la façade sud. L’entrée nord correspond de plus à un accès urbain, le long d’une des voies de circulation sans doute parmi les plus fréquentées (Théâtre Sud). Son dégagement et son étude apparaissent indispensables à la compréhension détaillée des circulations dans le sanctuaire et donc du fonctionnement de ce dernier.
- Le propylée oriental. Ce monument est aujourd’hui complètement dégagé et en grande partie restauré (la pose d’un dallage et la restauration de la porte sont prévus dans le M.o.U. qui vient d’être signé). Cette entrée monumentale du sanctuaire était précédée d’un baldaquin de quatre fois quatre colonnes supportant une coupole appareillée. Ce dispositif, daté de 27/28 de notre ère, est unique au monde à l’heure actuelle (mais il est possible qu’il ait été « doublé » au niveau de l’entrée nord, faisant de son créateur, l’architecte Diodoros, un grand maître de l’architecture antique. La fouille de la « Rue Sud » a permis de retrouver – c’était l’un de ses objectifs – suffisamment de blocs pour assurer la restitution de principe de ce monument sans parallèle. Toutefois les éléments retrouvés ne permettent pas d’assurer le détail de tout le dispositif, en particulier le passage du plan carré du baldaquin au plan circulaire de la coupole. Or il est très vraisemblable que le dispositif mis en œuvre ne fut ni le pendentif ni la trompe. Les blocs actuellement connus de cet ensemble ont été retrouvés réutilisés dans les structures tardives (d’époques byzantine et omeyyade). Or ces structures existent également au nord du propylée dans une zone non fouillée, le long de la façade orientale du sanctuaire. Le dégagement et la fouille de cette partie du sanctuaire permettraient donc probablement de retrouver de nouveaux éléments architecturaux et ainsi d’affiner la restitution actuellement proposée, tout en rendant sa monumentalité au sanctuaire dans un secteur clef de la ville antique, la Place Ovale.
- Quelques sondages ponctuels dans les parties de la cour du sanctuaire dépourvue de dallage permettraient de compléter nos informations sur les niveaux anciens du domaine divin.
Le deuxième grand volet concerne les « outils de recherche » dont la mise en place est souhaitée non seulement par les chercheurs français et étrangers mais également par la direction du service des Antiquités de Jordanie (une partie de ces propositions figure également dans le M.o.U. qui vient d’être signé).
- Inventaire informatisé, géo-référencé, des inscriptions du site. La France est chargée depuis de nombreuses années de la réalisation du corpus des inscriptions grecques et latines du site (IGLS). Pour de multiples raisons ce corpus ne voit pas le jour. Il est par contre invraisemblable que sur un site comme Jerash il soit impossible de consulter le simple inventaire des découvertes épigraphiques. Il est donc proposé de réaliser non le corpus qui ne peut être mené à bien que par des spécialistes chevronnés, mais l’inventaire informatisé et géo-référencé des inscriptions connues sur le site. Cet inventaire comprendra les informations basiques (où, quand, quoi…, photo, dessin à l’échelle, …) permettant de savoir quelles inscriptions ont été trouvées sur le site, leur contenu et leur support. Ce projet, en cours, devrait pouvoir aboutir à une mise en ligne des informations. À terme, cet inventaire consultable sur le Net devrait inclure tous types de texte découvert (grecs, latins, arabes, syriaques, safaïtiques, etc.).
- Inventaire informatisé et géo-référencé des archives graphiques, photographiques, et manuscrites du site ; un premier essai a été mené en numérisant toute la documentation des fouilles menées sous la direction du Professeur Barghouti entre 1975 et 1978 et conservées à l’Université de Jordanie.
- Inventaire informatisé et géo-référencé de la statuaire du site, en particulier des marbres ; ce travail est en voie d’achèvement, en collaboration avec le Professeur Thomas Weber.
- Inventaire informatisé et géo-référencé du mobilier archéologique.
- Mise en ligne d’un corpus chrono-typologique des céramiques du site.
À terme, ces différents inventaires, prévus pour être « lisibles » en français, anglais, et arabe, devraient être interrogeables séparément ou simultanément (via les références géographiques) via le Net. Cela suppose une forte concertation avec les spécialistes en informatique, afin d’assurer leur compatibilité avec les systèmes existants (MEGA Jordan par exemple) ainsi que la pérennité des informations accumulées (suivi informatique). Ils ne pourront résulter que d’une coopération internationale forte.
Mise en valeur et restauration
L’Ifpo est avant tout un institut de recherche et la restauration et la mise en valeur des sites sur lesquels il est impliqué ne sont normalement pas de son ressort. Cependant, par l’étude des monuments menée, l’Ifpo se trouve de fait impliqué dans le processus, ne serait-ce d’ailleurs que lors de la préparation des dossiers de faisabilité théorique (restitutions graphiques).
- Restauration des boutiques du souk Est (en cours)
- Restauration de l’angle Sud-Est du temenos (photo, prévue dans le M.o.U)
- Restauration du propylée Est et de la porte orientale du sanctuaire (prévue dans le M.o.U.)
- Aménagement des accès de et vers la Place Ovale (M.o.U.)
- Pose de panneaux explicatifs sur le site (en cours, en collaboration avec l’USAID).
Pour les quatre ans, à venir ces travaux de restauration et de mise en valeur devraient être poursuivis, suivant les conditions mentionnées, surtout si les dégagements proposés (entrée nord et façade est) sont acceptés. Il y aura, au minimum, à consolider et stabiliser les structures dégagées, voire, si les moyens financiers et humains peuvent être mis en place, restaurer la façade sur la Place Ovale. La plupart des blocs sont conservés, mais une bonne partie a été endommagée lors des dégagements au bull opérés dans les années cinquante.