Nouvelles islamologies – Les régimes califaux : À la recherche des racines des processus délibératifs dans l’Islam classique, par Abdul-Hameed Al-Kayyali
Nouvelles islamologies 2022-2023. Les études sur l’islam et ses civilisations par le prisme des sciences humaines et sociales
L’islamologie est un champ académique où les perspectives historiques croisent des questionnements actuels, révélant la relation complexe entre, d’un côté, l’islam et ses civilisations à travers les siècles et, de l’autre, les sociétés musulmanes contemporaines, porteuses de cet héritage culturel. Les grandes avancées qu’a connues ce champ d’études durant les trois dernières décennies invite à parler désormais d’islamologies, au pluriel, afin de rendre compte de la diversité et de la complexité des approches. En effet, les nouvelles islamologies ont pour objet les cultures islamiques dans toutes leurs manifestations à travers l’histoire : textuelles, matérielles, intellectuelles et sociales, au-delà donc des seuls aspects théologiques et juridiques auxquels on pense spontanément en évoquant ce champ d’études. Ce dernier couvre en effet aujourd’hui un vaste domaine académique où l’histoire des religions croise l’anthropologie ou la philosophie, où la philologie s’ouvre aux études sur les cultures matérielles et où les sciences politiques ou la sociologie s’autorisent à s’éclairer de l’apport des études littéraires.
Mais malgré la multiplication des études sur l’islam et ses civilisations du point de vue des sciences humaines et sociales, ces nouvelles approches restent peu connues en dehors des cercles académiques spécialisés.
Le présent cycle de conférences itinérant organisé par l’Institut français du Proche-Orient et ses partenaires se présente comme un état des lieux des nouvelles islamologies, comme une proposition de débat académique sur les multiples voies de la recherche contemporaines sur l’islam et ses civilisations, mais également comme une ouverture sur un public non universitaire intéressé par ces questions. Il vise ainsi à révéler la diversité, la complexité et le dynamisme d’un champ académique toujours en effervescence, que les approches médiatiques ou populistes tendent souvent à simplifier ou essentialiser.
Prochaine séance
Les régimes califaux : À la recherche des racines des processus délibératifs dans l’Islam classique, par Abdul-Hameed Al-Kayyali
Conférence organisée par l’Institut Français du Proche-Orient à Amman et l’Arab Center for Research and Development Policy Studies à Amman
Mardi 24 janvier, 17h à The Archive Library, Amman
123 Zahran Street, 4th circle, Jabal Amman, Amman- Jordan
Après le décès du prophète Muhammad en 632 AD/11 de l’Hégire, une série de successeurs appelés khulafā’ ou califes, ont revendiqué l’autorité politique sur la communauté musulmane. L’émergence de l’institution du califat au cours de la période classique de l’islam (traditionnellement datée du 7e et au 13e siècle AD/ du 1er au 7e siècle de l’Hégire) se situe au carrefour de plusieurs éléments d’origines diverses, qui ont concouru à redéfinir les questions d’élection, de consultation et de participation politique. Or, la thématique du califat ne se limite pas à l’islam classique. Au contraire, les traditions ainsi que les débats sur le califat au cours de la longue histoire de l’islam et jusqu’à aujourd’hui en ont fait un héritage extrêmement influent sur la politique, les cultures et les idéologies des mondes arabe et musulman d’aujourd’hui.
La conférence cherchera en premier lieu à examiner et replacer dans leur contexte historique des notions centrales dans l’islam et inhérentes aux sociétés musulmanes, telles que khilāfa ou régimes califaux, shūrā ou consultation, ʾistikhlāf ou nomination, ʾahl al-ḥall wa al-ʿaqd (ceux qui ont le pouvoir de contracter) ou ʾahal al-ʾikhtiyār (ceux qui ont le pouvoir d’élire), bayʿa ou allégeance consentement au calife. Un second objectif sera d’explorer comment ces notions ont été perçues, valorisées ou dévalorisées, à d’autres périodes historiques. L’une d’elles est la période abbasside tardive, lorsque la question du pouvoir en islam est devenue plus aigüe sous l’effet du démembrement de l’empire abbasside et la diminution de l’autorité des califes. Nous nous pencherons également sur les périodes moderne tardive et contemporaine pour mettre en jeu le présent et le passé/ les passés. Ce parcours nous permettra de mettre en lumière quelques aspects de la relation entre la démocratie et l’islam dans les discours théoriques et les pratiques politiques d’aujourd’hui dans les mondes arabe et musulman des 20e et 21e siècles, de manière à promouvoir une réflexion globale.
Abdul-Hameed Al-Kayyali est chercheur à l’institut français du Proche-Orient- Ifpo (Amman), Département des études arabes médiévales et modernes (DÉAMM), titulaire d’un doctorat sur les mondes arabe et musulman de l’université d’Aix-Marseille. « Les régimes califaux : À la recherche des racines des processus délibératifs dans l’Islam classique » est une recherche effectuée par Al-Kayyali au sein du projet L’historicité dans les mondes arabe et musulman accueilli par Das Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin.
Séances passées
Mardi 13 décembre, 17h à The Archive Library, Amman
Conférence organisée par l’Institut Français du Proche-Orient à Amman et l’Arab Center for Research and Development Studies
Conférence en Français avec traduction en arabe.
Les recherches sur les mondes musulmans connaissent en Europe des dynamiques académiques qui varient selon les traditions scientifiques nationales et les espaces musulmans étudiés. En France, les études sur la Turquie et les espaces (post-)ottomans forment un champ d’études aréales autonome, organisé à travers des structures universitaires et de recherche dédiées.
Les travaux sur l’islam y présentent des caractères particuliers, aussi bien dans les mutations historiques du champ que dans ses dynamiques contemporaines. Les dissociations avec les champs voisins spécialisés sur les mondes musulmans relèvent de paramètres historiques, politiques, territoriaux et linguistiques notables : l’islamologie est volontiers associée au monde arabe proche-oriental et maghrébin, quand les études turques s’étendent aux mondes post-ottomans balkaniques et centrasiatiques. Mais ces disparités ressortent également de l’impact d’un paradigme épistémologique majeur, celui de la « sécularisation turque », et de son alter ego, l’ « islam turc ».
Fragmentées autour des études sur le soufisme, l’alévisme, les hétérodoxies religieuses, les confréries, l’anthropologie des pratiques ou encore l’islam politique, les recherches sur l’islam en Turquie connaissent aujourd’hui d’intéressantes mutations historiographiques, conditionnées en partie par l’actualité des politiques AKP au pouvoir depuis 2002. En tant que telles, les études turques constituent un espace susceptible d’accompagner le dynamisme et les renouvellements actuels de la recherche islamologique française.
Dilek Sarmis est Maîtresse de conférences à l’université de Strasbourg. Spécialiste d’histoire intellectuelle et d’histoire des sciences de l’Empire ottoman et de la Turquie républicaine, elle s’intéresse plus particulièrement aux savoirs (sur le) religieux des XIXè-XXIè siècles et à l’épistémologie du religieux dans les sciences sociales. Elle co-dirige actuellement un programme de recherches sur les relations entretenues entre études turques et islamologie dans l’espace rhénan.
الإسلام في الدراسات العثمانية والتركية في فرنسا
تتنوّع الأبحاث والدراسات حول العوالم الإسلاميّة في أوروبا بتنوّع التقاليد العلميّة في كلّ بلد والفضاء الإسلامي الذي تهتم به هذه الجامعة أم تلك. في فرنسا، تشكّل الدراسات حول تركيا والثقافات المنضوية سابقًا في الفضاء العثماني حقلاً علميًّا مناطقيًا (areal studies) قائمًا بذاته، يتوزّع على حقول منهجيّة تتخصّص بهذا الجانب أو ذاك. للدراسات والأبحاث حول الإسلام خصوصيّتها في هذا المجال، وقد كانت في قلب التحوّلات المعرفيّة التي شهدها هذا الحقل طوال تاريخه وحتى تجليّاته المعاصرة. وتعود الحدود التي تفصل حقل الدراسات العثمانيّة-التركية عن الحقول الأخرى التي تعنى بالإسلام إلى أسباب تاريخية وسياسية أحيانًا، وإلى أسباب جغرافية صرفة أو لغوية في أحيان أخرى. ذلك أن حقل الدراسات الإسلامية، أو ما يسمّى بالإسلاميات، يرتبط بالعالم العربي مشرقه ومغربه، فيما يمتدّ حقل الدراسات التركي إلى الفضاءات ما بعد العثمانيّة في وسط آسيا وفي البلقان. وقد تعود هذه التباينات إلى عوامل أخرى ترتبط بتأثير منظومتي معرفة أساسيّتين في هذا الحقل الأكاديمي، وهما « العلمانيّة التركيّة » وقرينها « الإسلام التركي ». وقد عانى هذا الحقل طويلاً من التشظّي بين مواضع تتوزّع بين دراسات الصوفية والعلويّة والمذاهب الأخرى والأخويّات، وأنثربولوجيا الشعائر الدينية أو الإسلام السياسي. سوى أنّه بدأ يشهد في السنوات الأخيرة تحوّلات كرّست موقع الدراسات التاريخيّة فيه. وقد كان ولا شك للمشهد السياسي الراهن وهيمنة حزب العدالة والتنمية عليه منذ ٢٠٠٢ دورًا في هذا التحوّل، ما يضع حق الدراسات العثمانية والتركيّة في قلب حركة التجديد الأكاديمي التي تطبع المشهد الأكاديمي اليوم في حقل الدراسات الإسلاميّة.
محاضرة ينظّمها كل من المعهد الفرنسي للشرق الأدنى بعمّان والمركز العربي لدراسات وأبحاث التنمية
المحاضرة بالفرنسية مع ترجمة فوريّة إلى العربية.
ديليك سارمس أستاذة مساعدة في جامعة ستراسبورغ (فرنسا)، مختصة بالتاريخ الفكري وتاريخ العلوم في الإمبراطورية العثمانية وتركيا الجمهوريّة. ينصب اهتمامها بشكل خاص في حقل المعارف الدينية والمعارف حول الأديان بين القرنين التاسع عشر والحادي والعشرين، وتُعنى أعمالها بتحليل مقاربات نظرية المعرفة (الإبستيمولوجيا) للظاهرة الدينية في حقل العلوم الاجتماعيّة. تشارك ديليك سارمس في إدارة برنامج أبحاث عن العلاقة بين الدراسات التركيّة والدراسات الإسلاميّة في المؤسسات العلميّة في منطقة الراين.