Pour résister, pour soigner…Des femmes de Gaza gèrent le traumatisme à travers le récit, par Elena Qleibo | 13 juin 2024
Cycle de conférences
PROCHAINS RENDEZ-VOUS
Jeudi 13 juin à 14h30 (Beyrouth)
Pour résister, pour soigner…Des femmes de Gaza gèrent le traumatisme à travers le récit, par Elena Qleibo
Au fil des décennies, les femmes de Gaza ont été l’élément qui a maintenu la cohésion familiale, que ce soit en intervenant pour gagner leur vie lorsque leurs maris n’étaient plus en mesure de subvenir aux besoins de leurs proches, ou en créant des espaces dans lesquels l’identité de leurs enfants se formait. Il existe également une longue tradition de conteuses à Gaza qui remonte à l’époque où les familles se réunissaient la nuit autour d’une source de lumière et de chaleur. Leurs histoires n’ont pas seulement servi de divertissement, mais constituent également un élément important permettant de donner un sens à l’expérience palestinienne et à son histoire faite de violence, de perte, et de déplacement et permettant surtout de gérer le traumatisme que cette guerre laisse déjà dans l’esprit des Gazaouis.
Elena Qleibo est anthropologue et professionnelle de l’humanitaire. Elle a mené ses recherches dans la bande de Gaza pendant plus de vingt ans et a publié en 2020 Gaza s’en sortir, sans sortir. Ethnographie de la vie quotidienne sous le blocus aux Éditions Croquant. Elena Qleibo est également chercheuse associée à l’Ifpo Amman.
SÉANCES PASSÉES
Entre dépendances et résistances : l’économie palestinienne aux prises avec le colonial, par Taher Labadi
Beaucoup de choses auront été dites sur la Palestine ces dernières semaines. Moins présente dans le débat public, l’approche par l’économie mérite pourtant toute notre attention. Au dire de nombreux rapports d’expertise parus ces dernières années, l’économie palestinienne serait devenue non-viable, souffrirait d’importantes distorsions ou encore de dé-développement. La population palestinienne se serait quant à elle appauvrie au cours de la dernière décennie. Face à une telle situation, les appels à la résistance économique se multiplient dans un objectif affirmé de désengagement du système colonial israélien et de ses modes de production. Cette présentation reviendra sur les différents ressorts de cette économie coloniale et des tentatives récentes pour s’en libérer.
Taher Labadi est chercheur à l’Ifpo, Jérusalem. Ses travaux en cours portent sur les zones franches industrielles qu’il étudie comme des laboratoires de la libéralisation économique et de l’intégration dans la mondialisation en Palestine et au Moyen-Orient. Ses recherches interrogent plus généralement les discours, savoirs et pratiques économiques dans cette région en proie aux (néo)colonialismes, aux guerres et aux révoltes.
Modération : Nizar Hariri
Political Reflexivity and the Ethics of Research in the Social Sciences, by Mai Abu Moghli
oderat Valentina Napolitano
Violent contexts are not “normal” research settings; they involve abuses, power disparities, and collective histories of violence that researchers should be alert to. Researchers unreflexive about these risk causing harm in the form of objectifying people and context, normalizing violence, or silencing voices. Political reflexivity can equip researchers to better identify, understand and mitigate these harms, and where possible, challenge structures that do the marginalizing. In this talk, I articulate political reflexivity through asking researchers to critically examine their positionality and privilege in relation to the geopolitics of the research setting, epistemic privilege of marginalized participants, and political implications of their work. Practicing political reflexivity can help researchers situate their work along a “decoloniality continuum,” which includes complicity with the maintenance of violence, a hybridity approach that aims to understand and challenge the (colonial) underpinnings of violence by centering marginalized knowledge, and reparation or liberation, meaning redress and radical equality for marginalized peoples, ideas and histories. I conclude with a call for researchers to identify methods and paths to strengthen our understanding of political reflexivity, and to support efforts to decolonize knowledge.
Plus de trois mois après le déclenchement de la guerre contre Gaza, l’objectif déclaré de l’assaut israélien de l’ »éradication » du Hamas n’est pas atteint. Les bombardements israéliens incessants et les attaques terrestres ont rasé des quartiers entiers et tué plus de 20 000 Palestiniens, dont plus d’un tiers d’enfants. Le dernier conflit a révélé les intentions du gouvernement de Netanyahu d’expulsion des 2,3 millions de résidents palestiniens de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï dans un document émanant du ministère israélien du Renseignement et divulgué à la presse israélienne à la fin du mois d’octobre 2023. Les images de Palestiniens fuyant les zones de conflits confirment le projet israélien d’expulsion et la répétition de la Nakba.
La politique de déplacement forcé s’est accompagnée par unenégation d’existence nationale identitaire du peuple palestinien : ce sont des arabes et ils peuvent se diluer dans les pays voisins. Appliquée dès 1948 par le gouvernement israélien, cette politique tire ses racines de la période coloniale britannique et se poursuit tout au long de l’histoire du conflit.
Cette conférence interrogera dans le temps (1922-2023) et dans l’espace (en Israël et dans les territoires de l’exil) de quelle manière on va classer et identifier les Palestiniens afin de justifier leur négation d’exister sur un territoire et planifier leur expulsion. La conférence se terminera sur une réflexion autour de la résistance du peuple palestinien à l’effacement etson affirmation par l’universalisme de sa cause.
Rana Sukarieh is Assistant Professor of Sociology at the Department of Sociology, Anthropology, and Media Studies at the American University of Beirut. Her research focuses on solidarity relations at multiscalar and multidimensional levels. She is currently working on two projects. Her book project, tentatively titled“Theorizing Sustained Transnational Political Solidarity”explores the interplay between endogenous and exogenous dynamics that shape the trajectory of building sustained solidarity with the Boycott, Divestment, and Sanctions (BDS) movement in Toronto. Her new research project, tentatively titled“Solidarity Economy Initiatives and Social Imaginaries at Times of Severe Crisis: An Arab regional perspective”is a comparative research project which analyzes the various facets of solidarity economy initiatives in Lebanon and Tunisia during times of ongoing crisis. She published in several journals and won research awards and fellowships such as Social Sciences and Humanities Research Council (SSHRC) and The Nathanson Centre on Transnational Human Rights Fellowship.
“Settler-occupation of land and food systems in Palestine” by Abdel al Karim Yehya (AUB / Palestine Land Studies Center)
This talk delves into four key dynamics of war that significantly contribute to food insecurity: a) widespread destruction; b) displacement of people; c) manipulation and control of land and food supplies; d) deliberate starvation tactics used as a tool of warfare. These dynamics elucidate why food crises are not adequately addressed and why delivering humanitarian aid is a double-edged sword, resulting in the further consolidation of control over the Palestiniam Food system.
Mardi 23 avril à 13h30 (Paris)/14h30 (Beyrouth)
En ligne
Retour réflexif sur une recherche : la Palestine des bailleurs de fonds, par Sbeih SBEIH (IREMAM)
L’intervention revient sur l’histoire de cette expression, la manière dont elle a été élaborée en relation avec un parcours associant expérience d’action et questions de recherche. Il s’agit de montrer comment cette réflexion est également le produit d’un dialogue permanent, non sans tensions, entre un champ de recherche d’accueil ayant ses propres conceptions d’un terrain lointain, et ce terrain dynamique souvent présenté à travers des paradigmes universels ou figés. Il s’agit ainsi de souligner les contraintes structurelles que subit notre recherche lorsqu’ on problématise en français, et donc donner un sens sociologique à un terrain qu’on observe en arabe.
Sbeih SBEIH, sociologue, chercheur associé à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam). Ses recherches portent sur le développement et la culture en Palestine. Il a enseigné dans les universités palestiniennes et a mené plusieurs recherches au sein des institutions palestiniennes et françaises. Ancien chercheur post-doctorant au LabexMed, Université Aix-Marseille. Sa thèse de doctorat soutenue en 2014 a porté sur «La ‘professionnalisation’ des ONG en Palestine: entre pression des bailleurs de fonds et logique d’engagement».
Jeudi 30 mai 2024 | 14h
en ligne
Défis et efforts dans la récupération du patrimoine culturel en Palestine : Une exploration historique et contemporaine, par Maissoun Sharkawi
Cette présentation explore les défis historiques et contemporains concernant la préservation et la promotion du patrimoine culturel en Palestine. Elle retrace l’impact des différents régimes coloniaux, y compris l’Empire ottoman et les puissances occidentales, ainsi que la période néocoloniale qui a suivi la Nakba. En outre, il examine les efforts et les obstacles auxquels sont confrontés les Palestiniens pour récupérer et sauvegarder leur patrimoine culturel dans le sillage des accords d’Oslo, des pressions extérieures et des luttes internes.
Maissoun Sharkawi, est professeure assistante au Département des arts appliqués de l’Université technique palestinienne Kadoori à Ramallah. M. Sharkawi est titulaire d’un doctorat en Histoire de l’Université de Lorraine-Nancy. Sa thèse explore l’environnement social, historique et économique dans lequel le concept de patrimoine culturel palestinien a été formulé au cours des deux derniers siècles. Elle est actuellement lauréate du programme Al-Maqdisi/Hubert Curien qui rassemble une équipe franco-palestinienne travaillant sur les exils et migrations algériennes en Palestine, XIXe-XXe siècles. Elle est également chercheure associée à l’Institut français du Proche-Orient IFPO et travaille comme experte de l’UNESCO pour la mise en œuvre de la convention de 2003 sur le patrimoine culturel immatériel PCI.
Crédits illustration : Mariette Ballon