Diffusion et implantation du christianisme au Proche-Orient aux IVe-VIIe siècles
Responsable : F. Alpi
Ce projet se fonde sur une approche conjuguée de la documentation monumentale et iconographique, ainsi que des inscriptions et des sources littéraires et juridiques, textes qui sont principalement rédigés dans les deux grandes langues en usage au Proche-Orient protobyzantin, le grec et le syriaque. Il s’agit de rassembler les données disponibles, en revisitant les publications anciennes et en suivant au plus près les recherches en cours (ainsi les fouilles actuellement conduites sur des sites majeurs, par exemple Qalaât Sim‘an, ou encore les campagnes de prospections épigraphiques, comme le projet IGLS ou celui des Inscriptions syriaques de Syrie), pour les ordonner au double plan spatial et chronologique. L’objectif est de suivre par secteur la constitution de l’Église et l’évolution de la vie chrétiennes, en Syrie et en Palestine, entre la Paix de l’Église et la conquête musulmane.
- Les dogmes : les acquis considérables de la recherche patristique (qui se sont concrétisés par la multiplication d’éditions de bonne qualité) seront mis à profit, notamment dans une perspective géographique. Il existe en effet des tendances dogmatiques régionales, manifestant sans doute des conflits locaux, qu’il faut systématiquement repérer et replacer sur la carte des ressorts d’Antioche et de Jérusalem. Les correspondances des principaux acteurs des querelles théologiques (ainsi Jean Chrysostome, au Ve siècle, ou Sévère d’Antioche, au VIe siècle) semblent particulièrement précieuses à cet égard. Il conviendra aussi de déterminer assez précisément, d’étape en étape, les zones d’implantation du grec et du syriaque (à partir des inscriptions, mais en suivant aussi la production littéraire), puisque l’opposition entre Antioche et Édesse paraît pertinente, aussi bien dans l’ordre culturel et religieux. Un inventaire des inscriptions grecques et syriaques de contenu dogmatique caractérisé ou présentant un net formulaire partisan devra être dressé pour constituer, à terme, un recueil spécialisé.
- Les rites : La documentation monumentale (archéologique et iconographique) doit nous renseigner sur la chronologie et la géographie liturgiques, temps et lieux où se mettent en place les principaux gestes sacramentaux selon lesquels se définit la religion chrétienne. Celui du baptême, pour lequel nous disposons de vestiges assez nombreux et importants (baptistères ou simples cuves) mérite une attention particulière, d’autant que nous disposons à son propos de textes théologiques et liturgiques assez précis et bien datés (Cyrille de Jérusalem, Théodore de Mopsueste, Jean Chrysostome, Sévère d’Antioche, etc.).
- Les hommes : on se propose l’établir un inventaire des clercs et des moines signalés par les inscriptions, aussi bien que dans les principales sources chrétiennes (notamment à partir des recueils déjà constitués et des index des éditions modernes). Une banque de données informatique devra être constituée pour ce travail, appelée à être développée ensuite dans le cadre plus général du projet de Prosopographie chrétienne du Bas-Empire. Pars Orientalis (CNRS — UMR 8167). D’ores et déjà, cet outil pourrait permettre des approches multiples, en raison des différentes entrées qui seront ménagées (nom, date, grade ecclésiastique, origine, références littéraires, etc.).
- Les institutions : ce travail prosopographique doit nourrir en particulier une réflexion sur l’histoire institutionnelle, encore mal connue, des patriarcats d’Antioche et de Jérusalem. Des données archéologiques, notamment celles liées à la problématique des groupes épiscopaux (ainsi, sur les sites d’Apamée, Résafa, Bosra ou peut-être Jérash), peuvent venir en complément et éclairer, elles aussi, le fonctionnement organique de l’Église syrienne et palestinienne, parallèlement aux textes disciplinaires que livrent les actes synodaux ou les correspondances épiscopales.