Confessionnalisme et nationalisme en Syrie depuis 2011 (21-25/03/2019)
Cycle de Conférence organisée par l’ANR Shakk dans le cadre des Rendez-vous de l’Ifpo à Beit Beirut
Dans le cadre du programme Shakk : de la révolte à la guerre en Syrie. Conflits, déplacements, incertitudes, l’Ifpo organise un cycle de conférences sur les fragmentations et les recompositions identitaires et religieuses à l’œuvre en Syrie depuis 2011.
Après huit années de conflit, le processus de fragmentation de la société syrienne sur des bases notamment confessionnelles est aujourd’hui bien entamée. Enclenché et instrumentalisé en premier lieu par les autorités de Damas, puis par les groupes armés jihadistes, elle s’accompagne de politiques d’enrôlement des acteurs en fonction de leurs appartenances religieuses et/ou ethnique. Dans ce contexte, que sont devenus les concepts d’« identité nationale » et de « nation syrienne » ? Comment s’articulent-ils à d’autres formes de solidarités qu’elles soient familiales, régionales et confessionnelles ? Comment les individus réagissent-ils à ce processus d’assignation politico-religieux qui les convoque jusque dans leur intimité : leurs façons de s’habiller, de penser, de prier, d’interagir ? Comment malgré les ruptures, les identités se reconfigurent-elles en exil ?
21 mars, 18h – 19h30 : Thomas Pierret (CNRS, IREMAM)
« État sans nation ou nation sans État ? Identités, solidarités et institutions en Syrie contemporaine »
La Syrie ne doit pas ses malheurs au fait que son État règnerait sur une « nation artificielle » prétendument dénuée d’ancrage dans l’esprit des habitants. La Syrie est, au contraire, une nation sans État au sens moderne du terme. Bien que récente, l’identité nationale syrienne a été imposée avec succès par les régimes politiques successifs au point que jusqu’à ce jour, cette identité continue de délimiter le domaine de la lutte opposant la famille Assad à la majorité de ses opposants. En revanche, la construction tardive des institutions étatiques syriennes et leur faiblesse conséquente les ont rendues profondément vulnérables à la pénétration de réseaux informels fondés sur des solidarités primordiales telles que la parentèle, la région et la confession.
22 mars, 18h – 19h30 : Anna Poujeau (CNRS, Césor)
« Les moniales de Sainte-Thècle et le Front al-Nosra : recompositions confessionnelles et politiques en temps de guerre »
Au tournant de l’année 2014, l’armée syrienne et différents combattants rebelles s’affrontent pour la prise du village chrétien de Maaloula situé dans le Qalamoun. Les moniales du monastère pluri-centenaire de Sainte Thècle se trouvent alors au cœur de la guerre et d’une bataille médiatique entre le régime syrien et le front al-Nosra. Forcées de quitter leur monastère pour trouver refuge avec les combattants du front al-Nosra dans la ville de Yabroud, celles-ci deviennent alors actrices et enjeux de recompositions politiques et religieuses entre chrétiens et sunnites.
25 mars, 18h – 19h30 : Paulo G. Pinto (Fluminense Federal University)
“Uncertain Miracles: Reconfigurations of Sufism in Contemporary Syria”
Based on fieldwork in Aleppo between 1999 and 2010 and interviews done between 2015 and 2018, this conference will analyze how Sufi identities and ritual/devotional practices were affected by the civil war in Syria, as well as how they were reconfigured in the context of exile in Jordan. Paulo G. Pinto will examine the trajectory of a group of followers of the Sufi shaykh ‘Abd al-Fatah Aminu (d.2000), who considered him a saint. The aim will be to show that their Sufi religiosity not only was affected by war and displacement, but also provided them with moral and subjective frameworks that allowed them to reconfigure their identities and forms of social insertion in the new context.
Lieu
Beit Beirut (plan et parkings)
Contacts
Emma Aubin-Boltanski : aubin@ehess.fr
Thierry Boissière : thboissiere@gmail.com
Jean-Christophe Peyssard : jc.peyssard@ifporient.org
Informations complémentaires
Le carnet de recherche du programme Shakk : https://shakk.hypotheses.org/