Parmi les actions conduites au Proche-Orient par l’Ifpo, l’archéologie constitue l’activité qui génère le plus de collaborations directes avec nos hôtes, en premier lieu sur le terrain (relevés, études techniques et expertises), mais aussi en matière de valorisation et de diffusion de la recherche (colloques, expositions, séminaires), sans oublier les formations proposées aux universités et aux écoles spécialisées (écoles d’architecture).
Le caractère culturel de l’archéologie se double également d’aspects techniques et économiques particulièrement appréciés par nos partenaires de la région, notamment dans le cadre de la conservation et la présentation des objets et des monuments. Ce dernier secteur comporte d’ailleurs de nombreuses expertises scientifiques et techniques ainsi que des aides directes aux chantiers liées à la restauration du patrimoine monumental, lequel constitue l’une des richesses majeures du Proche-Orient.
Les recherches sur les techniques et l’économie de la construction et de la décoration en pierre s’inscrivent dans cette perspective. Leurs résultats sont directement utilisables dans les études préalables à la conservation des monuments historiques. Pour restaurer un monument, il est indispensable de comprendre la démarche de ses constructeurs, la nature de ses matériaux, les techniques de sa mise en œuvre, l’économie générale de sa construction et l’histoire de ses fonctions successives. Négliger cet aspect, c’est le dénaturer et accélérer sa destruction. Ces recherches sont conduites de manière diachronique et transversale et concernent le patrimoine bâti ancien dans son ensemble de l’âge du Bronze au début du XXe siècle.
L’étude de cet important secteur de l’activité antique et traditionnelle, encore récemment très lacunaire et cloisonnée, est engagée maintenant à l’Ifpo dans le sens de l’ouverture et de l’innovation. Les aspects techniques et économiques, qui n’ont souvent été qu’effleurés, bénéficient ici d’une approche très dynamisante qui vaut à l’Ifpo de nombreuses demandes de nos collègues locaux (Libanais, jordaniens, Saoudiens, Syriens) et occidentaux (Canadiens, Italiens, Allemands). Par ailleurs, grâce à la multiplication des échanges de résultats (tables rondes, séminaires, journées d’études), la profonde méconnaissance réciproque des études conduites en Occident et au Proche-Orient est maintenant dépassée au profit d’une vision plus méditerranéenne de la discipline et de ses applications dans le domaine de la conservation.
Mais si l’archéologie de la construction monumentale débouche sur l’histoire des techniques et de l’économie, celle-ci elle fait aussi partie de “l’Histoire”. Entre les “Rois constructeurs” et les monuments, les nouvelles options de la recherche s’intéressent également aux populations d’artisans et à leurs savoir-faire. L’ethnoarchéologie et l’archéologie expérimentale donnent vie aux hypothèses et permettent d’aborder concrètement des problèmes jusqu’ici restés sans réponse.
Cette activité de l’Ifpo s’efforce de répondre à l’ensemble de ces objectifs tout en transmettant les connaissances déjà acquises, notamment en formant les jeunes chercheurs à cette approche et forgeant des outils méthodologiques pour exploiter au maximum les perspectives de cette recherche. Dans cette optique, a été engagée également la mise au point d’un manuel pour l’étude archéologique des réalisations en pierre dans la région. Un séminaire sur « La construction et la décoration en pierre : Approches archéologique, technique, économique et anthropologique » est également organisé par Jean-Claude Bessac, à l’Ifpo Damas, printemps et automne 2009.
Actions récentes ou en cours dans le domaine de la construction et de la décoration en pierre
- Analyse technique et économique en vue la conservation de l’enceinte mégalithique du temple de Hosn Souleiman en Syrie.
- Étude technique des réalisations rupestres nabatéennes de la ville antique de Hégra en Arabie Saoudite (ph. n° 1).
- Contribution à la Commission scientifique pour l’anastylose du temple haut du sanctuaire de Zeus à Jérash en Jordanie.
- Étude de la Kaisaryé de Shaqqa (Maximillianopolis) en Syrie.
- Étude des techniques de construction Syrrhus en Syrie.
- Étude préalable à la restauration du mausolée de Nebi Houri.
- Expertise du pont barrage d’Ugarit près de Lattaqié en Syrie.
- Étude en vue de la conservation des monuments antiques d’Amrith en Syrie.
- Étude pour la consolidation des monuments de Halabiyya-Zénobia en Syrie.
Texte : Jean-Claude Bessac, avril 2009.
Voir l’album de photos « Taille de pierre: étude de marques lapidaires et conservation » dans la Galerie Flickr de l’Ifpo :