Du terrain aux archives : réflexions sur le rôle d’une Umifre à l’égard de la documentation archéologique, par Taos Babour | 21 mai 2024
Dans la cadre des journées d’études
Les archives de l’archéologie française à l’étranger : de l’inaccessibilité des documents à la réutilisation des données
organisées par l’École française d’Athènes, l’Association des Archivistes Français et le consortium MasaPlus
du mardi 21 mai 2024 au jeudi 23 mai 2024
à l’École française d’Athènes (en hybride)
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L’Institut français du Proche-Orient est une Unité mixte de recherche française à l’étranger (UMIFRE) implantée au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Irak et dans les Territoires palestiniens. Depuis sa création en 2003, il accueille de nombreux archéologues, chercheurs, doctorants français et locaux ayant leur terrain dans la région, et assume aussi le rôle de relai local pour certaines missions françaises.
Il est dépositaire des archives produites par les institutions françaises qui l’ont précédé dans les pays dans lesquels il est implanté, parmi lesquelles le Service des Antiquités de Syrie et du Liban créé en 1920 par le Haut-Commissariat français et sous son autorité jusqu’à la fin du mandat ; puis l’Institut français d’archéologie créé après l’indépendance du Liban et de la Syrie en 1946 et renommé Institut français d’archéologie du Proche-Orient (IFAPO) en 1977 en raison de l’étendue de ses activités à la Jordanie. De même que les articles et monographies publiés dans la revue Syria et la collection Bibliothèque Archéologique et Historique (BAH) fondées dès1920 et dont les Presses de l’Ifpo assurent aujourd’hui le suivi éditorial, ces archives témoignent des activités liées au signalement et à la protection du patrimoine ainsi que des missions archéologiques menées par les chercheurs français dans la région depuis le début du xxe siècle. Pourtant, les archives liées à l’administration de la recherche et la documentation scientifique n’ont pas été considérées de la même manière. Alors que les premières ont été triées, classées et confiées à la médiathèque afin d’être consultées par la communauté scientifique, la documentation archéologique a souvent été dispersée, parfois en raison des guerres survenues dans la région, mais aussi en fonction des choix effectués par les archéologues et l’absence de règle commune, voire de moyens matériels et humains au sein de l’Institut.
Alors qu’avec les unités de services et infrastructures de recherche française dédiées (Hal, Persée, Huma-Num, OpenEdition) l’Institut est engagé depuis plus de 15 ans dans l’ouverture des données et de résultats de la recherche en conformité avec les principes FAIR, sa responsabilité vis-à-vis des archives archéologiques futures est très variable et souvent mal définie : les chercheurs accueillis à l’Institut ont des statuts différents et les missions bénéficient généralement de crédits prévenants de nos tutelles (MEAE ou CNRS) mais sont rarement financées directement par l’Ifpo. En revanche, il s’agit de missions à l’étranger impliquant une coopération étroite avec les autorités locales, au sein de laquelle l’Ifpo joue souvent un rôle de médiateur. Or, l’expérience des fonds hérités (ou non) du passé, la façon dont ils ont (ou n’ont pas) été traités permet de soulever quelques questions spécifiques au contexte des pays dans lesquels nous sommes implantés et à la nécessité pour les missions étrangères de composer avec des réalités diplomatiques, législatives et économiques parfois très différentes de celles connues en France.
À partir des faits observés dans le cadre d’une réflexion commune menée avec les archéologues actuellement en poste à l’Institut afin de les accompagner dans la gestion de leurs données, nous interrogerons la façon dont l’Ifpo peut se positionner face à la gestion de la documentation et des archives de missions archéologiques.