Disparition de Solange Ory
Solange Ory nous a quittés en ce début du mois de décembre 2018. Elle avait 91 ans.
Après une formation en philosophie et théologie à Fribourg, elle obtint en 1961 un diplôme de l’École Pratique des Hautes Études sous la direction de Maxime Rodinson, puis une licence en lettres arabes à la Sorbonne où elle fut élève de Régis Blachère. Solange Ory participa à l’inventaire des archives de Max van Berchem à Genève ainsi qu’à celui des archives de la Grande Mosquée de Damas au Musée des Arts Turcs et Islamiques d’Istanbul. Elle consacra son doctorat à l’étude des Monuments et inscriptions de la ville de Bosra, aux époques omeyyade et seldjukide sous la direction de Janine Sourdel-Thomine, en 1969.
Solange Ory fut pensionnaire scientifique à l’IFEAD à Damas, de 1972 à 1973. C’est pendant cette période qu’elle participa, en Syrie, à des missions archéologiques à Balis Meskéneh sous la direction d’André Raymond et Lucien Golvin, puis de 1977 et 1980 à Rahba Mayadin avec Thierry Bianquis. Nommée maître-assistant puis maître de conférences à l’Université de Provence (Aix-Marseille Université), elle fut un membre actif du laboratoire IREMAM à Aix-en-Provence. C’est au sein de ce laboratoire qu’elle développa le programme Epimac pour l’informatisation de l’épigraphie arabe. En 1990, elle obtint le grade de docteur d’État en épigraphie arabe et devint professeur à l’Université de Provence qu’elle quitta en 1995. Très investie dans la formation et l’enseignement, elle mena de nombreuses campagnes épigraphiques au Proche-Orient (Liban, Syrie, Égypte, Jordanie) et au Yémen. À la fin des années 1990, Solange Ory s’investit dans un projet de musée d’épigraphie arabe à Bosra (Syrie).
Durant sa carrière universitaire, Solange Ory a formé de nombreux étudiants et doctorants en épigraphie qui avaient choisi l’école épigraphique aixoise comme lieu de formation privilégiée. Cette école qu’elle avait initiée au milieu des années 1970 se voulait une école savante où la science épigraphique était distillée avec rigueur et passion. En 1997, Frédéric Imbert lui succéda à la chaire d’épigraphie de l’Université de Provence. Jamais avare de son savoir ni de son temps, elle transmit sa passion pour l’épigraphie à toute une génération de jeunes doctorants qu’elle recevait souvent à son domicile, au milieu d’un foisonnement de plantes et toujours en présence de son chat. Tous se souviendront de la chaleur de son accueil, de sa légendaire gentillesse et de la qualité de ses enseignements.
Que son travail perdure dans l’esprit de rigueur qui était le sien, que ses enseignements se transmettent à une nouvelle génération d’épigraphistes, c’est là le plus bel hommage que l’on puisse lui offrir.
Parmi les anciens élèves de Solange Ory : Lotfi Abdel Jawad, Roberta Giunta, Frédéric Imbert, Fathi Jarray, Khaled Jbour, Ali Ghabbân, Anas Muqdad.
Quelques publications de Solange Ory :
- Index géographique du Répertoire Chronologique d’Epigraphie Arabe, en collaboration avec M. Kervran, M. Schneider, sous la direction de J. Sourdel, Le Caire, IFAO, 1975, 275 p.
- Cimetières et inscriptions du Hawrân et du Jebel al-Durûz, coll. Recherches sur les Grandes Civilisations, Paris, A.D.F.P., 1989, 90 p., 40 pl.
- Les inscriptions de la mosquée Dhi Bîn au Yémen (collaboration avec Nahida Coussonnet), CFEY, Sanaa, 1996, 70 p.
- De l’or du sultan à la lumière d’Allâh, la mosquée d’al-‘Abbâs à Asnâf (Yémen), IFEAD (Damas) – CFEY (Sanaa), 1999, 606 p.