Colloque international : Aux sources de la tradition narrative arabe. Les frontières du littéraire et le rôle des genres religieux, biographiques et historiographiques (VIIe-Xe siècles ap. J-C) (Beyrouth, 20-21 mai 2015)
Colloque international organisé par l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo)
Aux sources de la tradition narrative arabe
Les frontières du littéraire et le rôle des genres religieux, biographiques et historiographiques (VIIe-Xe siècles ap. J-C)
Beyrouth (Liban), les 20 et 21 mai 2015
L’appel à contributions est clos depuis le 1er septembre 2014.
Comité Scientifique :
- Mohammad Ali Amir-Moezzi, Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE, Paris)
- Georges Bohas, professeur à l’École Normale Supérieure (ENS, Lyon)
- Anne-Marie Eddé, professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Iyas Hassan, agrégé d’arabe, chercheur MAE à l’Ifpo (Beyrouth).
- Bruno Paoli, professeur à l’université de Lyon II, directeur du Département des Études arabes médiévales et modernes de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo, Beyrouth).
- Ahyaf Sinno, professeur à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth)
Langues
- français
- arabe
- anglais
Présentation
La recherche contemporaine sur la prose arabe classique a depuis longtemps mis l’accent sur les textes inscrits dans le champ de l’adab, traditionnellement considéré comme un espace dans lequel une tradition narrative arabe vit le jour et se développa à partir du milieu du VIIIe siècle. L’évolution de la notion de littérarité a permis depuis plusieurs décennies d’aller au delà des écrits d’adab, expression savante de l’esprit et des valeurs de l’élite, pour laisser une place de plus en plus importante aux narrations dites populaires. Aussi assistons-nous depuis les années 1990, dans le domaine des Études arabes, à une multiplication des travaux portant aussi bien sur les contes des Mille et une nuits que sur le roman populaire (sīra šaʿbiyya).
Mais la tradition narrative arabe se borne-t-elle réellement à ces seuls domaines ? Qu’en est-il des autres sphères de l’écriture arabe classique qui usent du narratif à des desseins a priori « non littéraires » ?
Des recherches récentes et novatrices ont remis en cause les frontières classiques du littéraire, en mettant en valeur la dimension proprement esthétique ou narrative de textes à contenu religieux qui, jusqu’alors, étaient considérés comme le domaine exclusif des historiens et des historiens des idées et des religions, pour jeter la lumière sur les origines religieuses orales de la prose littéraire arabe ; pour étudier les dimensions littéraires et fictionnelles des récits mythologiques des premiers siècles de l’islam, développés parallèlement à l’adab ; pour mettre l’accent, dans une perspective littéraire, sur des genres proprement religieux comme le qaṣaṣ ; pour tenter de définir une « identité narrative » dans l’exégèse coranique (tafsīr) ; ou encore pour examiner les passerelles culturelles et esthétiques entre tafsīr et adab.
Le colloque s’inscrit dans cette dynamique. Il vise à explorer plus avant ce développement des études littéraires, tout en élargissant le champ d’investigation, au delà du domaine religieux, à l’étude d’écrits narratifs relevant des domaines biographique et historiographique.
Tout en mettant en valeur le statut proprement littéraire de ces textes, le colloque aura par ailleurs pour objectif d’initier une dynamique pluridisciplinaire autour du thème des frontières du récit littéraire arabe classique. En croisant plusieurs champs disciplinaires, cette rencontre a pour ambition de continuer à sensibiliser islamologues et historiens aux méthodes d’analyse littéraire, tout en offrant aux spécialistes de littérature arabe l’occasion de bénéficier de l’expertise de ces deux disciplines connexes.
Le troisième et dernier objectif du colloque sera de constituer, à travers les textes présentés par les participants, un corpus narratif issu des champs d’écriture parallèles à l’adab, corpus susceptible de servir de base à des recherches futures sur le même thème.
Les communications porteront sur le Coran, l’exégèse coranique, l’hagiographie du prophète de l’islam (Sīra nabawiyya), les traditions prophétiques (ḥadīṯ) ; les apocryphes (mawḍūʿāt) et traditions bibliques et parabibliques islamisées (isrāʾīliyyāt), les récits des prophètes (qaṣaṣ al-ʾanbiyāʾ) ou, enfin, les écrits biographiques (ṭabaqāt et tarāğim) et historiographiques (tārīḫ), sur une période allant du VIIe siècle ap. J-C, correspondant à l’apparition des premiers écrits narratifs arabes, au Xe siècle qui voit, dans une large mesure, la consécration de « frontières génériques » entre les domaines de l’écriture arabe classique.
Cependant, les champs consacrés par les Études arabes (adab et littérature populaire) ne sont pas exclus, mais devront être évoqués prioritairement dans une perspective comparative qui mette en lumière les continuités et les ruptures entre ces champs d’un côté et, de l’autre, les champs religieux, biographique et historiographique.
Les communications s’inscriront dans l’un (ou dans plusieurs) des quatre axes suivants :
- Théorie de la littérature : interroger la littérarité du texte narratif arabe, sa définition et ses limites.
- Histoire de la littérature : aborder les types narratifs présents dans les différentes parties du corpus en les inscrivant dans un cadre évolutif général et/ou en mettant l’accent sur les continuités et les ruptures entre les différents domaines de l’écriture narrative arabe classique.
- Intertextualité : étudier le phénomène de « migration de récits » dans cette littérature narrative. Ce volet vise à interroger les différentes manières d’investir une même matière narrative dans des perspectives variées, en l’analysant dans des œuvres appartenant à des genres différents.
- Esthétique narrative : établir un « portrait esthétique » des œuvres étudiées selon leurs appartenances génériques ; analyser les phénomènes trans-génériques et mieux identifier, d’une part, les traits esthétiques propres à chaque genre et, d’autre part, ceux qui sont caractéristiques de l’ensemble de la production littéraire arabe de la période concernée.