Appel à communication : Saisir le transnational dans les mondes arabes contemporains Objets, méthodes et terrains (15/09/2018)
Appel à communication
Journées d’études : Saisir le transnational dans les mondes arabes contemporains. Objets, méthodes et terrains
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Lieu
Date limite
- 15 septembre 2018
Présentation
Les mondes arabes contemporains sont sujets à une exacerbation des flux transnationaux depuis 2010, qui invite à interroger à nouveaux frais la lecture que nous faisons des processus de l’action sociale et politique, ainsi que des mobilités. Les situations révolutionnaires de 2010- 2012, recouvrent en effet des enjeux « territorialisés, circonscrits par les caractéristiques de chaque État et régime, mais en résonance à l’échelle arabe » (Camau, 2012). Les études des dynamiques post-2011 offrent déjà des recherches dans des domaines aussi divers que, la construction de réseaux patronaux transnationaux (Vannetzel et Yankaya, 2017), les migrations internationales dans l’Égypte post-révolutionnaire (Brücker et Lagarde, 2017), ou encore le caractère transnational de certaines actions collectives et dynamiques politiques, tels que le « salafisme globalisé » (Baczko et Dorronsoro, 2017), la redéfinition de l’espace politique kurde avec le conflit syrien (Benhaim et Quesnay, 2016) ou encore le vote à distance des Tunisiens depuis 2011 (Jaulin et Björn, 2015). Notre intérêt pour cette « histoire au présent » va de pair avec une réflexion sur l’histoire, plus ou moins longue, de constitution des espaces et réseaux transnationaux, comme par exemple l’histoire de la gauche jordanienne « indissociable » de celle de la gauche palestinienne (Dot-Pouillard, 2016), l’émergence d’un espace médiatique arabe (Gonzalez-Quijano et Guaaybess, 2009) ou encore le façonnement du salafisme yéménite, depuis les années 80, par des « flux transnationaux » (Bonnefoy, 2011).
Si ces questionnements sont issus initialement de champs différents des sciences sociales, tels que la sociologie des mobilisations, l’anthropologie des organisations, la sociologie des élites, du religieux ou des migrations, l’objectif ici est d’approcher ces enjeux de manière transversale mais située, en dépassant les monopoles disciplinaires sur des objets spécifiques.
Trois axes thématiques permettent de préciser la nature des contributions attendues, sans circonscrire les discussions :
– Transnationalisation des espaces et localisation de l’enquête : Cet axe réflexif et méthodologique, cherche à déconstruire le transnational tel qu’il se pose dans l’élaboration de l’enquête de terrain. La multi-territorialité constitue un espace de ressources et de contraintes pour les acteurs qui s’y inscrivent et y projettent des sens et usages multiples nous invitant à repenser l’articulation en échelles de nos terrains à partir des frontières de lieux, d’appartenances et de normes (Agier, 2016). Face à des enquêtés parfois formés, financés ou socialisés auprès d’acteurs internationaux, quelle place accorder dans son enquête, à ces effets de transnationalisation des individus, des ressources et des savoirs, qui peuvent affecter, même à la marge, l’objet de recherche ? Puisant aux réflexions méthodologiques développées en sociologie (Burawoy 2009, Siméant 2012, Boulanger, Collier, et Dufoix, 2016), en histoire (Bertrand 2007) et en anthropologie (Marcus 1995), sur la transnationalisation des espaces de l’enquête, on s’intéressera à la manière dont les flux transnationaux post-2010 produisent de nouvelles spatialités (Boubakri, 2015; Dorai, Puig, 2012; Beaugrand, Le Renard, Stadnicki, 2013). Dans une perspective réflexive, on réfléchira concrètement à la façon dont l’enquête peut amener à transformer un objet de recherche en « arène politique globale » (Petric 2013).
– Trajectoires, réseaux et passeurs de l’international : S’inspirant des travaux sur les courtiers (Dezalay 2004, Olivier de Sardan 2000), cet axe se focalisera sur les acteurs qui produisent et mobilisent des « formes de capital international » (Poupeau, 2004) dans leurs trajectoires, carrières, pratiques et relations : les migrants, experts ou militants, issus d’associations, d’administrations, de groupes religieux ou de partis politiques. Un intérêt particulier sera porté aux rôles de ces courtiers dans la globalisation des savoirs sur les mondes arabes, que ce soit à travers la sous-traitance de programmes de recherches ou la vente de franchises universitaires à des institutions locales (Romani, 2012 ; Hanafi ; Arventis, 2016). On s’attachera à la structuration en réseaux transnationaux de ces acteurs de mobilité pour analyser les dynamiques sociales à l‘oeuvre par exemple dans les mouvements de contestation politique en Egypte (Abdelrahman, 2011), et la circulation « à distance » des engagements politiques protestataires (Gruntz, 2012 ; Moss, 2016 ; Youssef, 2017). Qu’il s’agisse des « immigrés, exilés, réfugiés, binationaux » (Geisser et Beaugrand, 2014) ou des expatriés (Pagès el Karaoui, 2016) et des familles transnationales (Joseph, 2009), l’étude de ces acteurs inscrits dans des mobilités multi-locales s’offre, comme une entrée pour saisir les recompositions des appartenances (citoyennes, nationales, ou religieuses) au sein des mondes arabes contemporains.
– Mobilisations et hybridations des catégories de l’ « international » : Les transformations géopolitiques qui affectent les mondes arabes contemporains marquent les modes d’administration et les formes de gouvernement à l’échelle locale. Par exemple, les notions de « transition démocratique » (Pétric, 2013; Hachemaoui, 2011), de « justice transitionnelle » (Gobe, 2016), de crises humanitaires ou encore de « catastrophes » (Revet et Cabane 2015) viennent marquer et produire les réalités locales, tant au niveau des modes d’administration que des subjectivations. Nous souhaitons, interroger les mécanismes par lesquels ces catégories sont mobilisées, traduites et comment reconfigurent-elles les données « locales » du terrain d’enquête. Si des travaux classiques (Ferguson 1995) permettent de nourrir ces questionnements, de récentes enquêtes contribuent à les renouveler, qu’il s’agisse de l’étude des réceptions des « réformes du secteur de la sécurité » au Liban (Larzillière, 2016) ou encore de celles des normes internationales de la « gouvernance locale » en Tunisie (Allal 2016).
Les propositions de communication seront à déposer au plus tard le 15 septembre 2018 sur la plateforme Sciencesconf : https://transnational.sciencesconf.org/, sur la page « Envoyer une proposition »
Les candidatures des jeunes chercheur.e.s issu.e.s des pays du Maghreb et du Moyen-Orient sont vivement encouragées, et pourront bénéficier d’une prise en charge des frais de transport et d’hébergement sur la base d’une sélection sur critères d’excellence.