Lexique et variation linguistique dans le discours politique chiite : l’exemple de Hassan Nasrallah
Responsable : Natalie Smrekar
Thèse de doctorat sous la direction de Salam Diab-Duranton.
La recherche que nous menons a pour objectif de proposer une analyse du lexique et de la variation linguistique dans le discours politique chiite au Liban, avec comme exemple d’analyse le discours du leader du parti Hezbollah, Hassan Nasrallah. D’un point de vue géopolitique, sa figure s’avère très importante pour la communauté chiite et dépasse largement sa sphère d’influence. Au cours des années, il est devenu de plus en plus présent sur la scène médiatique, avec des discours qui ponctuent les étapes clés de l’histoire du Liban et du parti. Il peut être considéré comme un leader à trois niveaux : religieux (étant membre du clergé), politique (il est le chef du parti) et militaire (il en dirige le bras armé), trois couches que l’on retrouve juxtaposées et liées dans ses discours, grâce à sa fine connaissance de la langue arabe, rien n’est fortuit ou laissé au hasard dans ses déclarations : le mot, le verbe, le registre linguistique, la gestuelle, tout est bien pensé et agencé. Il présente un charisme « messianique et césariste » à la fois, pour citer les mots de Charaudeau (2015). En effet, la langue de Hassan Nasrallah est chargée de références religieuses et historiques, caractérisée par une richesse lexicale située entre contemporanéité et archaïsme, par une réactualisation morphologique de l’arabe, et un usage stratégique de la variation linguistique arabe.
Est-ce que le continuum linguistique arabe, l’alternance codique et mélange de code sont des phénomènes conscients ? Quel rôle ont la prosodie et la gestuelle dans ses discours dans la réception du message ? L’hypothèse que l’on formule est que Hassan Nasrallah utilise la langue d’une manière tout à fait stratégique, réfléchie, adaptant son registre linguistique en fonction du public, de la conjoncture et servant ses propres intérêts. Une des autres questions principales est : « Conscient du pouvoir de la langue, quelles sont les stratégies linguistiques que Nasrallah met au service de ses objectifs politiques ? »
Du point de vue théorique, le projet de thèse s’inscrit pleinement dans l’analyse du discours politique.
La méthode qui sera employée est à la fois quantitative, pour la grandeur du corpus, et qualitative parce que l’analyse sera menée minutieusement, toutefois sans l’aide d’instruments lexicométriques.
Les discours seront analysés intégralement avec une approche empirique qui, selon Wodak & Meyer (2009 ;31), prend en compte quatre niveaux d’analyse : le niveau du texte (langage immédiat) ; le niveau intertextuel et interdiscursif (qui met en évidence les différents énoncés) ; le niveau extralinguistique (social ou para-social) ; le contexte sociopolitique et historique.
L’originalité de notre étude réside dans l’approche formelle et linguistique dans la mesure où elle ambitionne d’interroger le rapport de la gestuelle au contenu du discours.