« Pourquoi vos frontières traversent-elles nos moutons ? » : Commerce transfrontalier d’ovins vivants dans le nord de l’Irak (06/11/2019)
Conférence organisée en partenariat avec l’Institut français à Erbil
Conférencier
Michaël Thevenin est doctorant en anthropologie à l’URMIS (UMR 8245, Université Paris Diderot) et au sein de la MAFGS (Mission archéologique française du gouvernorat de Suleymaniyeh) dirigée par Jessica Giraud.
Présentation
À la mémoire de Martine HOVANESSIAN, anthropologue à l’URMIS et chercheuse au CNRS
Cette communication a pour but de proposer une synthèse succincte sur le commerce transfrontalier actuel, légal et illégal, de moutons vivants dans la zone de l’ancien croissant fertile. Il s’agit des régions limitrophes de la Bādiyat al-Shām à l’ouest (Syrie, Jordanie, Liban), de la Djézireh, jusqu’aux montagnes du Zagros à l’est (Iran), avec pour centralité l’Irak et le Gouvernorat du Kurdistan irakien. Ce choix géographique a été déterminé par mon terrain fait entre 2016 et 2018. L’étude des mobilités saisonnières et commerciales des moutons au Kurdistan irakien m’a amené sur les marchés aux bestiaux où les ovins importés provenaient essentiellement de Syrie, d’Iran et de Turquie dans un mouvement en sens unique. Quelques chèvres afghanes, syriennes, parfois saoudiennes y étaient également aussi vendues. Dès lors, j’ai souhaité remonter les réseaux et comprendre le contexte régional dans lequel ce commerce s’effectuait. Les mouvements de bovins ne seront pas abordés ici. Cette étude s’inspire et s’inscrit dans la continuité des travaux sur le commerce informel frontalier de L. Yalçin-Heckman (1993), N. Özgen (2012), P.H. Şenoğuz (2015), A. Yıldırım (2017) et A. Çelik (2019) dans le sud-est de la Turquie, et ceux de C. Roussel au Kurdistan irakien (2013) et en Syrie (2014).
Dans une première partie, je poserai le cadre théorique et les problématiques soulevées par le commerce légal et illégal de moutons vivant. Nous verrons les implications locales, nationales, et transnationales de ce commerce et ses directions actuelles. Celles-ci dépendent d’un contexte culturel et géopolitique qui implique des mouvements sur le long terme, des crises cycliques, et des évènements à court terme. Mon propos s’appuiera ici essentiellement sur une recherche bibliographique et numérique (livres, rapports, articles) en lien avec le Proche et Moyen-Orient, et sur mon terrain en Arménie en 2016 et 2017 financé par le Centre International de recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) par l’intermédiaire du laboratoire « Animal, santé, territoires, risques, écosystèmes » (ASTRE, UMR 117) dirigé par T. Lefrançois ; par le LIA NHASA par l’intermédiaire de l’UMR 5133-Archéorient sous le responsabilité de B. Perello et P. Lombard ; et enfin par le laboratoire URMIS (CNRS UMR 8245 – IRD UMR 205) de Paris 7 Diderot.
Dans une seconde partie, j’aborderai un cas concret : le commerce de moutons vivants au Kurdistan irakien. Cette partie se basera sur l’enquête en cours au Kurdistan irakien, démarrée dans le cadre de ma bourse d’étude AMI au sein de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), à l’antenne d’Erbil entre 2016 et 2018, et grâce à l’appui financier du CIRAD (2018) et de la Mission archéologique française du gouvernorat de Suleymaniyeh (MAFGS) dirigée par J. Giraud (2019).
L’objectif (trop) ambitieux de cette étude est en finalité de dessiner les contours schématiques d’une géopolitique du mouton régionale inscrite pleinement dans la mondialisation et le changement climatique.
Date et horaire
Mercredi 6 novembre 2019 à 17h
Lieu
Institut Français à Erbil
Contact et informations
https://www.facebook.com/ifpoerbil/
Conférence en français
Crédits photographiques : Michaël Thevenin, Marché aux moutons de Simmel, gouvernorat de Duhok, février 2017